Serge Babylas de Souza

Des délestages en perspective sur le réseau électrique du Bénin et du Togo

Le Ghana a décidé de réduire son approvisionnement en énergie électrique au Bénin et au Togo, mettant du coup les deux pays dans une situation très embarrassante. Avec la perspective d’un déficit énergétique.

Les mois à venir risquent d’être difficiles en matière d’approvisionnement en énergie électrique au Bénin. Djibril Salifou, directeur général de la Communauté électrique du Bénin (Ceb) a fait part lundi au président Boni Yayi du Bénin de la décision des autorités ghanéennes de limiter la fourniture de l’énergie électrique, une situation qui condamne le Bénin à compter sur ses propres forces. « Nous avons été saisi par le Ghana de ce que la Ceb ne pourra plus bénéficier de la quantité d’énergie qu’elle recevait avant. On a été limité à 10 Mw seulement sur les 60 que nous recevions. Ceci va impacter négativement la fourniture de l’énergie électrique au Bénin et au Togo», annonce-t-il. Bien qu’il indique que les centrales dont dispose la communauté seront mises à contribution, le pack d’énergie propre des deux pays n’est pas suffisamment fourni pour satisfaire la demande du marché. «Nous avons des centrales dont le coût de production est assez prohibitif. Mais on peut réduire le déficit en relançant ces centrales», souligne Djibril Salifou.

Pour passer une période de fête tranquille, le Bénin a besoin de 190 Mw. Mais à en croire Marius Hounkpatin, directeur général de la Société béninoise d’énergie électrique (Sbee), le Bénin et le Togo devront se serrer les coudes pour pouvoir assurer le service minimum, en attendant un retour à la normale. Pour sa part, le gouvernement mise surtout sur la mise en service de la centrale de Maria Gléta, censée produire environ 80 Mw pour réduire la dépendance énergétique du pays. Mais ce projet sur lequel compte énormément le gouvernement risque de ne pas prospérer au regard de la décision du Nigeria, de fournir

Salifou Djibril, Président Ceb
Salifou Djibril, Président de la Communauté électrique du Bénin (Ceb)

Marius Hounkpatin, Directeur général de la Société béninoise d’énergie électrique (Sbee)

du gaz naturel à partir du Projet gazoduc. Bonjour les délestages… Quand bien même Marius Hounkpatin tente de calmer le jeu en rassurant les usagers.


Triste destin pour la Zone franche industrielle du Bénin

Dix ans d’aménagement pour une seule société opérationnelle ! Bilan catastrophique pour la Zone franche industrielle (Zfi) dont la création avait suscité beaucoup d’enthousiasme, en son temps. Comme le dirait l’autre, en matière de promotion industrielle, circulez, il n’y a rien à voir !

Lorsqu’on dépasse le carrefour de Porto-Novo en direction de la frontière de Sèmè-Kraké, on est souvent consterné face au triste spectacle qu’offre le site de la Zone franche industrielle (Zfi). Hormis la grande clôture érigée pour protéger le domaine de 40 hectares aménagés par le gouvernement béninois, l’intérieur donne l’image d’un champ en friche qui attend impatiemment l’hivernage. Quelques rares bâtisses dispersées dans la broussaille témoignent sans doute de la présence de quelques entreprises signalées au début qui se sont rebiffées par la suite, faute d’un environnement propice et attrayant. Pourtant, il y a dix ans, la décision de l’Etat de faire de ce périmètre, la nouvelle cité industrielle du pays avait suscité beaucoup d’enthousiasme.

Pour concrétiser son ambition, le président Mathieu Kérékou, en son temps, avait créé une agence de gestion de la Zone franche industrielle, sous le sceau du partenariat public-privé. Un capital social de deux milliards de francs Cfa porté par l’Etat, la Chambre de commerce et d’industrie du Bénin (Ccib) et un pool d’opérateurs privés séduits par le projet a été constitué. Mais le caractère mixte de l’agence n’a pas pu échapper à la bureaucratie légendaire de l’administration béninoise aux antipodes du credo de l’investisseur pour qui « le temps, c’est de l’argent ». In fine, les nombreuses entreprises annoncées tambours battants n’ont pas été au rendez-vous. Marché de dupe conclu ou simple repli stratégique ? Aujourd’hui, une seule unité de production opère vaille que vaille, sur le site, dans un contexte d’exploitation n’offrant pas une garantie de développement à long terme.

Des avantages malgré tout

Pourtant, les avantages douaniers et fiscaux qu’offre, a priori, la Zfi a de quoi fouetter le chéquier de l’investisseur potentiel. Les entreprises agréées au régime de la Zfi bénéficient à l’importation, et à compter de la date de l’agrément, de l’exonération des droits et taxes (à l’exception de la taxe de voirie) sur tous le matériel devant intervenir dans la mise en place et le fonctionnement des unités de production. Une réduction de 60% de ces mêmes droits et taxes est accordée sur les véhicules utilitaires acquis par l’opérateur. S’agissant des avantages fiscaux, les entreprises disposeront entre autres d’une exonération de l’impôt sur le Bic (Bénéfice industriel et commercial) pendant les 10, 12 et 15 premières années à compter de l’agrément ainsi que l’exonération de la Tva (Taxe sur la valeur ajoutée) pendant la durée de l’agrément sur les livraisons de produits semi-ouvrés, les emballages, les livraisons faites à soi-même dans la mesure où elles s’intègrent au processus de production, les travaux et services fournis. Mieux, les promoteurs de la zone évoquent une réduction du coût des facteurs de production à travers une autonomie dans la production de l’énergie, l’adduction d’eau ainsi que le réseau de télécommunications.

 

La Zfi du Bénin
La zone franche industrielle (Zfi) du Bénin

Lacunes structurelles

Mais le peu d’intérêt que les investisseurs accordent à ces avantages se trouvent en réalité dans l’incapacité du Bénin à résoudre les problèmes structurels de facteurs de production qui annihilent ses avantages comparatifs. Le plus criard reste son déficit énergétique légendaire. « L’énergie du Bénin et son coût ne permettent pas au pays de disposer d’industries capables d’affronter la compétitivité au niveau international », commente un expert spécialiste des questions d’investissement. Du coup, en dépit de la proximité du pays avec le géant nigérian, riche d’un marché de près de 200 millions de consommateurs, le coût élevé des facteurs de production (énergie, eau, télécommunication) continuent de plomber l’investissement direct étranger. A cela s’ajoute l’environnement juridique, constitué d’un code des investissements totalement désuet par rapport à la vision d’émergence à laquelle s’accrochent les nouvelles autorités du pays. La preuve en est le 175è rang décerné au Bénin, dans le classement Doing Business 2013 de la Banque mondiale. « Pour régler le problème de la Zfi, il faut revoir de fond en comble l’ensemble des goulots d’étranglement à l’investissement au Bénin », poursuit l’expert qui gage sur les bonnes résolutions de la table-ronde secteur public- secteur privé pour aider le Bénin à changer de paradigme.

 


Des produits avariés en liquidation sur nos marchés

La liquidation de certains produits de qualité douteuse en cette veille des fêtes de fin d’année et du nouvel an, prend de plus en plus de l’ampleur sur le marché national. A telle enseigne que, les consommateurs doivent redoubler de vigilance, dans leurs achats, pour ne pas se faire duper par des commerçants véreux.

Les fêtes de fin d’année s’annoncent. Avec leur cortège habituel de ventes occasionnelles aux coins des rues, aux abords des buvettes, bars, restaurants, ainsi que dans nos marchés et autres étals créés à la va vite dans la ville et ses environs, sans oublier le porte à porte…La fête s’annonce belle. Dans un contexte de morosité économique où l’argent circule de moins en moins. Sur le marché des innovations s’observent, de nouveaux produits abondent. En témoignent, les vente à la sauvette par ci, vente à la crié par là, des plateaux et autres ustensiles de cuisines sur la tête ici, des  produits étalés aux abords des allées, des rues, là-bas…  Les consommateurs sont pris d’assaut et ne savent pas où donner de la tête à cause des choix multiples. Mais le hic, la qualité douteuse de la plupart de ces produits, qui sont soit déjà avariés, soit à quelques jours de la date de péremption, devraient inciter les prospects à la vigilance et à la prudence. Pour ne pas tomber dans les pièges de ces commerçants véreux qui ont plus d’un tour dans leurs sacs pour forcer la main aux usagers de nos marchés.

Ces commerçants indélicats dénués de tout scrupule déversent sur le marché des boissons en cannette déjà périmées mais dont la vignette est traficotée pour donner l’illusion contraire ; des boissons alcools et spiritueux fabriqués sur place en imitation de grandes marques avec une alchimie et une dextérité qui en rendent la consommation néfaste à la santé ; des friandises et des biscuits aux emballages reconditionnés et aux dates de fabrication et de péremption falsifiées. La liste est longue…

Un tour au marché Dantokpa

Clochette en main, des cris par ci, des harcèlements par là. La machine à convaincre les acheteurs est mise en branle, avec un argumentaire classique qui revient chaque année à la même période tel un leitmotiv. Le spectacle est désolant. Des produits dont on ignorait jusque-là l’existence sont exhibés et présentés avec forces arguments.  De provenance douteuse, avec des des noms imaginaires se retrouvant d’un point à un autre avec des emballages variés, c’est à y perdre son latin. Il faut apercevoir outre les jouets de tout genre, les tenues pour enfants, les conserves, les pâtes alimentaires et bien d’autres produits sans dates de péremption ou avec des inscriptions illisibles. Cette période des fêtes de fin d’année offre ainsi l’opportunité aux personnes mal intentionnées de mettre sur le marché des produits avariés ou de mauvaise qualité. Aussi retrouve-t-on des liqueurs frelatées produits sur place, des biscuits divers. En cette période, le génie béninois fait ses preuves dans l’agro alimentation, par appât du gain facile. D’où les nombreuses intoxications alimentaires et autres désagréments qui menacent les populations des villes et campagnes à la merci de ces commerçants sans foi ni loi. Selon Dame Afi, commerçante au marché Dantokpa, « nous avons parfois des fournisseurs qui viennent nous présenter des choses comme quoi c’est des nouveaux produits mis sur le marché. Maintenant si le coût est moindre, on achète pour faire beaucoup de bénéfice à la vente ». Pour ces nouveaux produits la plupart se fabrique sur place ici au Bénin. D’autres par contre, viennent des pays voisins que sont le Nigéria et le Togo. Et comme il n’y a pas un mécanisme de contrôle des produits déversés sur le marché national,  des produits contrefaits et/ou avariés sont régulièrement déversés. Au grand dam des consommateurs qui ne doivent compter que sur leur bonne étoile, pour éviter l’intoxication alimentaire consécutive à la consommation de ces produits bon marché mais à risques.

Le contrôle des produits

Le contrôle de la qualité des produits et des prix se fait sur le marché Dantokpa de manière cyclique, d’après dame  Pascaline, revendeuse de son Etat, installée à Dantokpa de puis plus d’une décennie. A l’entendre, « le plus souvent c’est à l’approche des fêtes qu’on retrouve les gens du ministère ». La population déjà habituée à cette forme de commerce à l’approche des fêtes s’acharne pour trouver son compte avant leur passage. Les produits périmés ou avariés pour la plupart sont parfois saisis par les agents de contrôle du ministère du commerce intérieur. Cette descente qui arrive parfois tardivement voire rarement avec une équipe insuffisante ne permet pas de retrancher du marché tous les produits incriminés.

Ainsi, le business reprend de plus belle avec ses conséquences sur la santé des consommateurs qui n’ont pas les moyens de se rendre dans les grandes surfaces en ville pour acheter des produits de bonne qualité mais à des prix beaucoup plus élevés.

 


L’emploi des jeunes, une équation insoluble au Bénin

Malgré la volonté des autorités l’emploi des jeunes reste une équation impossible à résoudre. 

 Après son master en entomologie appliquée, option entomologie agricole à l’université d’Abomey Calavi, François cherche les portes de sortie en vue d’assumer sa survie et celle de sa petite famille. En dépit des expériences acquises dans quelques structures de la place, il ne sait ce que l’avenir lui réserve. Ce dilemme, beaucoup de jeunes le vivent et il pose le problème de l’emploi au Bénin.

 

A la sortie des écoles, des universités et des centres de formation, plusieurs jeunes prennent d’assaut les entreprises et structure de la place, en quête d’emploi ou de stage, sans succès, hélas ! Pour un recrutement de dix, vingt ou parfois trente employés, plus de cinq mille dossiers sont recensés. La question du chômage et du manque d’emploi se pose de jour en jour avec acuité au sein de la jeunesse.

Les gouvernants pour résoudre cette équation insoluble ont créé plusieurs structures d’accompagnement notamment l’Agence nationale pour l’emploi, le Fonds national pour l’emploi des jeunes, le Crédit pour emploi des jeunes. En dépit des incessants va et vient des responsables de ces structures circuler dans de rutilantes 4X4 et autres grosses cylindrées, la situation de l’emploi des jeune est demeurée la même.

Promotion de l’emploi des jeunes

« Pour l’emploi, fédérons les énergies ». C’est le thème de la quinzaine nationale pour l’emploi initiée par le Ministère chargé de la  microfinance, de l’emploi des jeunes et des femmes. A travers cette initiative l’orientation, le suivi et les opportunités sont donnés aux jeunes en quête d’emploi. Il est à noter que bon nombre d’initiatives sont prises par l’Agence nationale pour l’emploi (Anpe) dans le cadre de sa mission en ce qui concerne la recherche d’emploi pour les jeunes. Partant de Cotonou, différentes antennes sont créées pour atteindre les jeunes des autres localités du pays. Outre ces créations, l’organisation des formations et la quinzaine nationale pour l’emploi, témoignent de la volonté  des divers acteurs de la chaîne à œuvrer pour la sortie de chômage des jeunes. « La facilitation d’une intermédiation entre l’offre et la demande d’emploi, d’appui conseil, de propositions des potentialités d’emplois en milieux urbains, périurbains, etc. » sont entre autres les engagements pris par Didier Maixent Djeigo, directeur de l’Anpe.

Quant à la présidente de l’Association mondiale des services d’emplois publics, Mme Angeles Bermudez-Svankvist, elle estime que, les acteurs publics doivent travailler continuellement pour  résoudre la question cruciale de l’emploi. Pour cause, « 1/5 des enfants quittent les écoles sans qualification …67 millions d’emplois doivent être créés pour régler la question de l’emploi dans le monde … 7 à 10 millions de jeunes entrent sur le marché de l’emploi en Afrique et à peine 10 % y trouvent d’emploi », fait-elle comprendre. La fédération des énergies en vue de trouver une issue pour l’emploi des jeunes et des femmes reste donc primordiale. Certains paramètres bouleversent les demandeurs d’emploi malgré cette volonté plus ou moins manifeste des décideurs dans leur combat au service de l’emploi des jeunes.

Le chômage des jeunes trouve une issue dans l’inadéquation des formations et l’emploi.

 


Une radio qui facilite la vie aux étudiants

Les étudiants de l’université d’Abomey-Calavi sont soulagés par des initiatives qui réduisent le coût des études sur le campus.

« La construction des amphis n’est pas une affaire de 20 ou 30 millions, il faut des centaines de millions de francs Cfa », confie Abou Youssou, chef du service de gestion des emplois du temps et de la programmation des infrastructures pédagogiques à l’Université d’Abomey-Calavi. Aussi, face à l’insuffisance des ressources, l’équipe rectorale, pour garantir un meilleur cadre d’étude, a opté pour une autre dynamique : la retransmission des cours sur Radio Univers, la station de l’université pour permettre aux étudiants des filières à effectif pléthorique, de suivre les cours sans avoir accès à l’amphithéâtre.

Une initiative originale dont l’incidence financière est moindre, au regard des investissements à faire pour construire de nouveaux bâtiments. L’objectif de la nouvelle équipe rectorale,  en place depuis décembre 2011, est d’œuvrer constamment à l’amélioration des conditions d’études. En effet, à la rentrée 2011-2012, l’effectif des étudiants était évalué à 67 mille, et cette année, 80 mille étudiants sont attendus. L’effectif  va croissant tous les ans. C’est pour cela que les autorités en charge de l’Université d’Abomey-Calavi doivent réfléchir sur les voies et moyens d’améliorer les conditions d’études des étudiants. Cette initiative qui consiste à diffuser certains cours par la radio afin de permettre à aux étudiants de pouvoir les suivre dans de meilleures conditions, est une première selon le directeur de Radio Univers, Djamal Dine Tidjani. Qui précise que, l’équipement acquis pour la mise en œuvre de ce projet permettra de faire écouter la radio sur 60 kilomètres à la ronde. Pour le vice recteur de l’Uac, « la diffusion des cours sur Radio Univers permettra de suivre des cours à partir du jardin universitaire ou des habitations. Ce qui décongestionnerait un peu  les amphithéâtres à effectif pléthorique ».  Tout en réduisant les dépenses journalières des étudiants sur le campus.

D’ou vient cette initiative?

D’après le vise recteur « le projet part du constat que chaque année, il y a un flux d’étudiants qui vient à l’université et qu’on arrive plus à contenir. Le plus grand amphi que nous avons à l’université prend en tout mille places, et il n’y en a que trois. Alors que nous avons des effectifs de 3000 à 6000 étudiants par amphi et il faut que tout le monde fasse cours. Quand bien même l’effectif n’est jamais au complet, ceux qui arrivent dépassent 2000 et la plupart reste au dehors ». Cette difficulté fait que les étudiants végètent dans l’incertitude, chaque fois qu’ils partent de leur maison. « C’est une avancée puisque parfois, j’hésite à venir au cours puisque je viens des fois sans suivre les cours à cause du non accès à l’amphi alors que j’ai dépensé pour prendre de taxi moto et je dois aussi manger », dira Stéphanie étudiante en deuxième année des Sciences économiques. Faire les études à l’université n’est pas réservé à tout le monde. « Moi je n’ai pu continuer mes études universitaires parce que je n’ai pas de soutien. J’ai déjà trop souffert au secondaire », nous confie Francis, reconverti en vendeur de cartes de recharge. Pour Roberto, « lorsque j’étais en deuxième année de géographie, je viens au cours quand je veux. Puisque je viens parfois et soit c’est le professeur qui n’est pas là soit il n’y a pas de place pour suivre les cours. Si je dois perdre de l’argent chaque jour alors que je n’en trouve pas assez, je choisis ce qui m’arrange, mais je fais tout pour recopier les cours chez des camarades ».

Au cours de l’année estudiantine 2011-2012, les étudiants inscrits en première année des sciences juridiques avoisinent Sept mille. Ce qui pose d’abord un problème crucial en ce qui concerne le désengorgement de l’université d’Abomey-Calavi. C’est donc pour résoudre ces problèmes que l’équipe rectorale a pensé utile.  Mais il faut aussi souligner qu’au vu de cet effectif pléthorique, certains enseignants préfèrent recourir aux supports de cours.

Et c’est en cela que se justifie la vocation de ces professeurs commerçants  qui par la force des choses deviennent des concepteurs de fascicules. In fine les étudiants passent tout le temps de leur formation à s’abonner à l’éternel achat de ces supports de cours.


Le retour du patronat béninois vers les fondamentaux

L’enlisement du Conseil national du patronat béninois relève aujourd’hui du passé. Depuis quelques années, l’organisation patronale béninoise s’illustre dans des débats économiques du pays remettant ainsi l’entreprise au cœur des enjeux de développement. Un leadership gagnant somme toute.

« Pour un véritable développement de notre pays, beaucoup restent à faire au niveau de l’environnement économique qui doit être propice aux affaires. Si l’on convient que les entreprises sont créatrices de richesses et génératrices d’emplois, on comprend qu’il faille promouvoir les meilleures conditions de vie et de survie aux entreprises ». Son franc-parler et sa manie à vouloir toujours bouger les lignes de l’immobilisme sont, à n’en point douter d’un secours inextricable pour l’entreprise au Bénin. Depuis qu’il a pris les rênes du Conseil national du Patronat, en décembre 2006, Sébastien Ajavon s’emploie avec beaucoup de foi et de leadership à redorer le blason de cette structure longtemps affectée par un déficit de visibilité. Alors qu’il était censé représenter le creuset idéal de réflexion et une force de propositions pour le développement du secteur privé, le CNPB s’est longtemps mué dans une léthargie qui a, de fait, conféré à la Chambre de commerce et d’industrie du Bénin, le rôle de principal animateur de la vie économique du pays et l’unique interlocuteur des opérateurs économiques au Bénin. Mais aujourd’hui, la tendance semble s’inverser même s’il est encore trop tôt d’affirmer que le patronat a complètement recouvré ses vrais attributs.

En réalité, le CNPB a pour vocation de développer  l’activité entrepreneuriale et de promouvoir les relations saines et équilibrées avec les partenaires sociaux et les pouvoirs publics, en œuvrant à l’amélioration de l’environnement de l’entreprise par des actions de plaidoyer et de participation efficiente à l’élaboration et au suivi des politiques économiques et sociales. Cette vocation a inspiré cette vision de « constituer un creuset d’entreprises représentatif au sein duquel se renforce et se développe la confiance mutuelle entre les membres par l’incitation au travail en réseau (local, national, régional, international) et la mise en œuvre de solutions appropriées pour relever les défis qu’appelle une économie nationale dynamique et prospère. ».

Les défis qui sont aujourd’hui ceux des entreprises béninoises, dans un contexte d’ouverture brutale des marchés exigent donc que les acteurs du secteur privé resserrent les rangs pour mieux peser dans les actions de lobbying pour améliorer le climat des affaires et les rendre par ricochet plus compétitives. Du coup, le nouveau credo du Conseil national du patronat se décline en cette volonté de créer les conditions les plus favorables pour préparer l’avenir, d’animer le débat sur de nombreux enjeux économiques et sociaux. En un mot : « Un mouvement au service des entreprises, un partenaire privilégié des décideurs et des pouvoirs publics, un partenaire essentiel du dialogue social ».

« L’administration béninoise est lente, lourde, dotée de procédures compliquées, bref, nous ne sommes pas face à une administration de développement qui peut accompagner », a l’habitude de marteler Sébastien Ajavon. Le combat que mène aujourd’hui le patronat tourne autour de la reconnaissance de l’entreprise comme moteur de la croissance et levier essentiel du développement. Aussi, s’illustre-t-il, aujourd’hui plus que par le passé, dans le débat sur la problématique de la fiscalité de développement, du changement des mentalités ainsi que celle relative à une gouvernance favorable à l’éclosion d’un secteur privé dynamique et compétitif. En tant que membre du groupe de travail du secteur privé sur la fiscalité, le CNPB s’emploie aux côtés d’autres acteurs à conscientiser les pouvoirs publics sur la nécessité de placer l’entreprise au cœur de la politique budgétaire de l’Etat. Et lorsque le patronat évoque la gouvernance, il n’occulte pas la remise en question des entreprises elles-mêmes. « Le management et la gouvernance de l’entreprise sont avant tout une question d’organisation et de participation du personnel à la réalisation des objectifs. Il faut coordonner une gestion des hommes, de la finance, des investissements et des matériels vers la réalisation des objectifs fixés et connus de tous ». Lentement mais sûrement le Conseil national du patronat du Bénin renoue avec les fondamentaux d’une organisation patronale, à travers un leadership efficace et un réseau relationnel qui porte aujourd’hui mieux l’organisation dans la communauté des affaires en Afrique et dans le monde.


Le commerce déclinant des véhicules d’occasion au Bénin

Gros contributeur aux recettes douanières béninoises, le secteur des véhicules d’occasion connaît ces dernières années des difficultés liées notamment à la chute de la demande en provenance du Nigeria. Un souci réel pour le trésor public béninois foncièrement affecté par la chute du trafic de ces véhicules communément appelés « Venus de France ».

Moussa, courtier auprès d’importateur libanais de véhicules d’occasion, est encore nostalgique de la grande époque où le commerce de voitures « Venues de France » était florissant. « Il y a sept à dix ans, tu pouvais rentrer chez toi avec une commission de plus de 100 000 francs CFA par semaine. Aujourd’hui, à peine tu trouves 20.000 francs CFA. Je me demande si ce business vaut encore la peine», s’offusque-t-il, errant entre les milliers de véhicules d’occasion entreposés sur le « Parc Rose », du marché de commercialisation des véhicules d’occasion de Sèkandji, à la sortie Est de la ville de Cotonou. L’amertume du courtier est partagée par l’ensemble des acteurs de la filière des véhicules d’occasion au Bénin. « Une frange importante de notre clientèle qui vient principalement du Nigeria voisin a abandonné leur commerce », confie Mohamed Abdallah, un importateur jonché sur son mirador installé sur le parc « Balla ». Vincent Acakpo, commissionnaire en douane appuie : « Vous devez constater vous-même qu’il n’y a plus d’affluence sur les parcs. Le trafic a baissé ces dernières années et cela a complètement plombé nos affaires ». La morosité du marché est perceptible au travers du peu d’affluence que connaissent les parcs de Sèkandji, autrefois réputés pour leur bourdonnement. Née dans les années 80, la filière des véhicules d’occasion a connu un essor sans précédent au début des années 2000 avec environ 250 000 véhicules importés chaque année. Elle génère un chiffre d’affaires d’environ 300 milliards de francs CFA.  Les recettes dégagées par l’Etat du fait de cette activité sont estimées à environ 25 milliards de francs CFA par an.

Effets pervers de la crise

Mais depuis la crise économique et financière internationale de 2008, cette activité connaît une chute brutale, au grand dam des acteurs. Le nombre de véhicules qui transitent chaque année par le port de Cotonou est désormais réduit de moitié, passant à seulement 100.000 véhicules en 2010. La chute brutale de l’activité s’explique notamment par le ralentissement de la demande en provenance du Nigeria. Véritable point de chute des véhicules exposés sur les parcs, ce pays absorbe plus de 90% des véhicules qui transitent par le port de Cotonou. Le Géant voisin de l’Est fait partie des pays africains ayant payé le prix fort de la crise qui a induit un recul significatif de l’activité économique dans ce pays peuple de plus de 150 millions de consommateurs. Les difficultés économiques du Nigeria ont touché de plein fouet l’activité de réexportation des produits importés vers Lagos parmi lesquels les véhicules d’occasion occupent une part importante. De façon subsidiaire, certains observateurs justifient la chute du trafic par des réformes entreprises par l’Etat pour assainir les recettes douanières. Soucieux d’optimiser ses recettes de porte, le gouvernement a mis en place un  programme de vérification des importations qui transitent par le Port de Cotonou. Les surcoûts générés par la gestion de programme, confié à un opérateur privé, auraient découragé beaucoup d’importateurs qui ont abandonné le Port de Cotonou au profit du Port de Lomé au Togo.

Situation préoccupante

La chute brutale de la vente des véhicules d’occasion constitue un réel souci pour l’Etat qui a besoin de ressources pour financier son développement. Il y a quelques années, les recettes générées par cette activité, étaient en partie destinées à financer un Programme de microcrédit aux plus pauvres. Aujourd’hui faute de ressources propres pour refinancer le programme, le gouvernement est contraint de recourir à l’aide internationale. Les difficultés actuelles de la filière se mesurent également à l’aune des emplois résultant des activités directes et indirectes liées à la réexportation des véhicules d’occasion. Aujourd’hui de milliers de jeunes qui intervenaient sur le parc se retrouvent au chômage. Une bombe sociale latente que le gouvernement semble disposé à désamorcer en proposant des projets de reconversion dans l’agriculture.


Le micmac de l’essence de contrebande ‘‘kpayo’’

L’essence de contrebande communément appelé « kpayo » au Bénin fait toujours parler d’elle. En dépit des efforts du gouvernement  d’éradiquer la commercialisation de ce produit préjudiciable à l’économie nationale, l’essence frelatée a toujours pignon sur rue, requinquée par l’impuissance des autorités politico-administratives et la complicité de ses consommateurs.

Le visiteur qui débarque pour la première fois à Cotonou est tout d’abord frappé par deux choses : les motocyclistes en uniformes jaunes, communément appelés Zémidjan ou taxi-motos, et la vente de l’essence frelatée au bord des trottoirs. Si les deux phénomènes trouvent leur essence dans la réponse sociale au marasme économique des années 1980, les effets néfastes de la vente illicite de l’essence frelatée sur l’économie et la sécurité des populations ont souvent dicté aux gouvernements successifs l’obligation de lui livrer une guerre sans merci. Mais le lobbying politique qui encadre l’activité et son poids dans l’économie informelle du pays ont souvent obstruée les initiatives gouvernementales. Profitant du prix relativement bas de l’essence au Nigeria, pays producteur du pétrole qui subventionne le carburant, les trafiquants importent souvent ce produit par la voie de la contrebande, créant ainsi de la concurrence déloyale au marché formel. Une récente étude de la Société nationale de commercialisation des produits pétroliers (Sonacop) l’atteste à merveille. Le ‘‘kpayo’’ qui emploie environ 50 000 personnes, alimente plus de 85% du réseau de distribution de l’essence, avec un chiffre d’affaires annuelle compris entre 600 et 700 milliards de francs CFA qui échappent complément au fisc. Plus de 120 millions de litres d’essence frelatée sont vendus chaque jour au Bénin au bord des voies contre seulement 1,5 millions de litres par jour dans les stations services, confie Donald Eme­ran, directeur général de la Société pétrolière Mrs. Si des milliers de Béninois en profitent dans la mesure où l’activité permet au consommateur national d’avoir de l’essence à bas prix, le commerce illicite de l’essence crée d’énormes manques à gagner à l’Etat, des pertes d’exploitation aux compagnies agréées et des précédents environnementaux et sécuritaires graves du fait des mauvaises conditions de transport et de vente du produit. Les pertes fiscales de l’Etat sont évaluées à plus de 175 milliards de francs CFA par an.


Benafrique, solution mi-figue mi-raisin pour le transport urbain

beafrique
Des passagers entrant dans un bus Benafrique à Cotonou

Le trafic à moindre coût des populations est désormais facilité dans la capitale économique du Bénin avec l’effectivité du transport en commun.

L’horloge indique neuf heures locales. Nous sommes à Bidossèssi, dans la commune d’Abomey – Calavi. Au point habituel, un bus en stationnement. Quinze minutes plus tard, le départ est pris pour Cotonou, avec trois passagers à bord du véhicule. Quelques dizaines de mètres après, la première escale où deux autres passagers rejoignent l’équipe. Au niveau de l’Université d’Abomey – Calavi, à notre étonnement. A peine le bus arrêté, une quarantaine d’étudiants attendant impatiemment se bousculent pour se trouver une place, assis ou debout. Direction Dantokpa, avec la soixantaine de passagers. Trois cent à quatre cent mètres plus loin, une nouvelle escale pour ne prendre qu’un seul voyageur. Malgré l’ambiance mesurée dans le bus, seul le souci de la destination se lisait presque sur tous les visages. Le bus, lui, d’arrêt en arrêt, continue de rouler. Ce qui n’égaye point, puisque tous déplorent la lenteur du trajet. Car c’est après quarante cinq minutes de route que le bus arrive à destination.

Un trajet fatiguant

« Nous faisions souvent trois, quatre ou cinq au plus dans le bus dès les débuts. Aujourd’hui, nous nous agglutinons dedans alors que le nombre de places assises est limité », annonce un passager du bus. C’est la preuve que la population commence par s’y intéresser de plus en plus, comme l’explique un des contrôleurs d’un bus Benafrique. En explorant tous les axes reliés par Benafrique, les lignes Abomey-Calavi – Dantokpa d’une part et Ekpè – Dantokpa d’autre part restent des plus intéressées, comparées aux trois autres tronçons. L’arrivée tardive des bus notamment ceux devant desservir Ekpè est souvent source de désolation pour de nombreux passagers. « J’attends le bus depuis plus de quarante cinq minutes », se lamente Romain à bout de souffle. Approché, un contrôleur visiblement dépassé par les plaintes tente de s’expliquer : « les bus qui font l’axe Ekpè – Dantokpa accusent quelques fois des retards à cause du poste de péage de la localité. Aussi, en cas d’embouteillage, les bus mettent- ils beaucoup plus de temps  pour atteindre leur destination. Conséquence directe de cette situation : les populations préfèrent les minibus à ce nouveau mode de transport, bien qu’il soit soulageant compte tenu de son tarif. Selon une habituée du bus, le temps n’est pas gagné en le prenant. De l’Université d’Abomey – Calavi à Dantokpa, mis à part les escales prévues par les autorités, les descentes et les entrées sont fréquentes compte tenu de la destination de chacun des passagers. Ce qui fait que le temps du trajet est long. L’autre problème décrié est relatif aux axes PK14, Fidjrossè et Agla au regard de la non affluence. Selon des sources proches de la compagnie, les axes en question font plus ou moins cent cinquante passagers par jour contrairement au tronçon d’Abomey -Calavi, qui avoisine les cinq cent passagers. Néanmoins, selon les conducteurs habitués à cet axe, les gens s’intéressent de mieux en mieux, mais surtout dans la soirée.

Intérêt pour les passagers

S’il est vrai que la durée du trajet, les réticences dans le rang des voyageurs justifient le moindre coût de transport pratiqué par Benafrique par rapport aux autres modes de transport. Au lieu de payer entre 250 et 500Fpour rallier Calavi et Dantokpa, ils préfèrent débourser 200F, surtout en cette période de cherté de la vie. L’autre atout est que le bus est plus sécurisant. De même, Marc, un des passagers de l’axe PK14, y voit un aller – retour continu. Car, révèle – t – il, « le seul fait de mener à chaque moment la ronde sans mettre assez de temps constitue déjà un avantage ». Pour la plupart des étudiants, ce nouveau moyen permet de ne plus avoir peur de rater les bus du campus et surtout que l’heure de démarrage des bus du campus ne coïncide pas toujours avec la sortie des cours. « Je préfère prendre les bus Benafrique que d’attendre celui du campus. Parfois je sors du cours et il faut rester à attendre pendant des heures », confie Ulrich, étudiant en Sociologie.Benafrique reste un transport qui soulage un tant soit peu les riverains de leurs axes. Ceux qui sont les plus intéressés sont les étudiants. A preuve, c’est surtout sur leur axe que les bus en direction de Dantokpa trouvent assez de passagers. L’autre axe reliant Dantokpa à Ekpè transporte non seulement des étudiants allant à Akpakpa, mais aussi les travailleurs des parcs de vente de véhicules d’occasion du port sec érigé dans ladite localité. Viennent ensuite les habitués du marché Dantokpa. En dépit des difficultés de début d’exploitation, les conducteurs et les percepteurs ne s’inquiètent guère sur l’espoir de trouver de plus en plus de clients puisque selon eux, les Béninois n’étaient aucunement habitués à ce genre de moyen de transport. Néanmoins, ils ne restent pas optimistes quant à une éventuelle fin de contrat les liant aux promoteurs, puisqu’il s’agit d’une structure privée qui voudrait élever son chiffre d’affaires au quotidien.


Des efforts pour combattre en vain un trafic illicite

Février 2009. Une série d’incendies occasionnés coup sur coup par des transporteurs en vrac de l’essence frelatée ou ‘‘kpayo’’ fait beaucoup de morts à Cotonou. Pour un Etat qui se respecte, on ne saurait tolérer cette activité informelle, qui plus est, constitue une menace constante d’insécurité pour la population.

Le gouvernement profite alors de la baisse du cours du brut sur le marché international pour passer à l’attaque. Pour marquer son volontarisme, il fait passer le prix de l’essence à la pompe de 485 à 350 francs. Mais de l’autre côté, les revendeurs du ‘‘kpayo’’ font passer également le litre à la table à 325 francs CFA, voire 300, le marché nigérian, l’unique source d’approvisionnement s’étant arrimé à la tendance baissière du marché international. Commence alors une guerre de représailles sans merci engagée par le ministre en charge de l’Intérieur pour nettoyer les ‘‘Koweït ci­ties’’ (dépôts clandestins d’essence).

Pour montrer leur force de frappe, les acteurs du ‘‘kpayo’’ déclenchent une grève générale d’une semaine. Les conséquences sont apparues tout de suite : longues filles d’attente, pénurie dans les stations-services à Cotonou. Dans d’autres villes du pays où les stations services ont fermé à cause de la concurrence déloyale du ‘‘kpayo’’, la situation est encore plus épouvantable. En quelques jours, la lutte que menait le ministre de l’Intérieur est devenue comme une tempête dans un verre d’eau. Mais, en lançant son opération coup de poing, le gouvernement savait pertinemment qu’il n’avait pas les moyens de sa politique. Car, il n’est pas à son premier coup. En 2006, la même opération s’est soldée par un fiasco. L’Etat avait été obligé de ramener ces acteurs de l’informel à la table des négociations, avec à la clé des promesses de reconversion et de facilités pour créer des micro-stations. Pour les revendeurs, qui sont bien conscients des dégâts que causent leurs activités, le gouvernement ne doit s’en prendre qu’à lui-même pour n’avoir pas respecté ses propres engagements. Aucun plan cohérent de reconversion n’a été concocté, en dépit des multiples séances de travail qu’ils ont eu avec le ministre en charge du commerce et son homologue de la micro-finance. Quand aux stations trottoirs, l’idée a été récupérée par des opérateurs économiques au détriment de ceux pour qui le concept a été promu. Aucun revendeur n’a pu installer une seule mini-station. La suite, on la connaît.

Le salut viendra-t-il du Nigeria ?

Les spécialistes du secteur sont unanimes à reconnaître que la solution au problème du ‘‘kpayo’’ viendra sans aucun doute du Nigeria. La thèse s’est confirmée, il y a seulement quelques mois. Le 1er janvier dernier, le gouvernement fédéral nigérian a annoncé la fin des subventions sur le carburant. «Les fournisseurs du secteur pétrolier devront désormais fournir des produits et les vendre en accord avec le prix de référence qui sera publié dans les deux semaines sur le site Internet de l’Agence de régulation des prix des produits pétroliers du Nigeria (PPPRA) », indique dans un communiqué de cette agence gouvernementale. Le souci de l’Etat fédéral de mettre fin à ces subventions qui existent depuis des décennies est de dégager des fonds sur les revenus pour améliorer les infrastructures du pays. En 2011, la mesure de subvention lui a coûté plus de 8 milliards de dollars, soit environ 400 milliards de francs CFA. Du coup, le litre d’essence à la pompe a été livré à 140 naïra (environ 500 francs CFA), contre 65 naïra (environ 230 francs CFA), le prix subventionné.

La nouvelle qui a déclenché déjà la fronde sociale du côté de Lagos n’a pas épargné le marché illicite de l’essence au Bénin. Une inflation galopante s’est emparée du prix du ‘‘kpayo’’ qui est passé de 300 à 800 voire 900 francs le litre à Cotonou. Mais après une semaine de grève générale ponctuée de manifestations de rue d’une violence inouïe dans les principales villes du pays, l’Etat fédéral nigé­rian annonce sa décision de réduire de 30% le prix de l’essence à la pompe. Au Bénin, le ‘‘kpayo’’ reprend un léger souffle avec un niveau de prix un peu plus proche de la livraison à la pompe. Mais ce sursis du ‘‘kpayo’’, aux dires des spécialistes ne saurait perdurer d’autant que le Nigeria tient à préserver sa côte auprès des agences de notation qui lui ont relevé sa perspective, au travers des réformes hardies engagées par le président Goodluck Jonathan. Le processus d’assainissement du secteur pétrolier nigérian va donc induire deux conséquences sociales graves au niveau du Bénin. Au-delà de la pression qui va s’exercer sur le prix de l’essence, il s’agira d’abord de compenser, à court terme, le vide que laisserait le commerce du ‘‘kpayo’’ au cas où l’importation frauduleuse à partir du géant de l’Est ne serait pas rentable. Aujourd’hui, le taux de pénétration des stations services dans le pays reste encore faible. L’autre défi, c’est la reconversion des milliers de personnes qui s’adonnent à la vente de l’essence frelatée. Pour l’instant, on n’en est pas encore là. Mais la réflexion mérite d’être engagée.