Le commerce déclinant des véhicules d’occasion au Bénin

Article : Le commerce déclinant des véhicules d’occasion au Bénin
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21 novembre 2012

Le commerce déclinant des véhicules d’occasion au Bénin

Gros contributeur aux recettes douanières béninoises, le secteur des véhicules d’occasion connaît ces dernières années des difficultés liées notamment à la chute de la demande en provenance du Nigeria. Un souci réel pour le trésor public béninois foncièrement affecté par la chute du trafic de ces véhicules communément appelés « Venus de France ».

Moussa, courtier auprès d’importateur libanais de véhicules d’occasion, est encore nostalgique de la grande époque où le commerce de voitures « Venues de France » était florissant. « Il y a sept à dix ans, tu pouvais rentrer chez toi avec une commission de plus de 100 000 francs CFA par semaine. Aujourd’hui, à peine tu trouves 20.000 francs CFA. Je me demande si ce business vaut encore la peine», s’offusque-t-il, errant entre les milliers de véhicules d’occasion entreposés sur le « Parc Rose », du marché de commercialisation des véhicules d’occasion de Sèkandji, à la sortie Est de la ville de Cotonou. L’amertume du courtier est partagée par l’ensemble des acteurs de la filière des véhicules d’occasion au Bénin. « Une frange importante de notre clientèle qui vient principalement du Nigeria voisin a abandonné leur commerce », confie Mohamed Abdallah, un importateur jonché sur son mirador installé sur le parc « Balla ». Vincent Acakpo, commissionnaire en douane appuie : « Vous devez constater vous-même qu’il n’y a plus d’affluence sur les parcs. Le trafic a baissé ces dernières années et cela a complètement plombé nos affaires ». La morosité du marché est perceptible au travers du peu d’affluence que connaissent les parcs de Sèkandji, autrefois réputés pour leur bourdonnement. Née dans les années 80, la filière des véhicules d’occasion a connu un essor sans précédent au début des années 2000 avec environ 250 000 véhicules importés chaque année. Elle génère un chiffre d’affaires d’environ 300 milliards de francs CFA.  Les recettes dégagées par l’Etat du fait de cette activité sont estimées à environ 25 milliards de francs CFA par an.

Effets pervers de la crise

Mais depuis la crise économique et financière internationale de 2008, cette activité connaît une chute brutale, au grand dam des acteurs. Le nombre de véhicules qui transitent chaque année par le port de Cotonou est désormais réduit de moitié, passant à seulement 100.000 véhicules en 2010. La chute brutale de l’activité s’explique notamment par le ralentissement de la demande en provenance du Nigeria. Véritable point de chute des véhicules exposés sur les parcs, ce pays absorbe plus de 90% des véhicules qui transitent par le port de Cotonou. Le Géant voisin de l’Est fait partie des pays africains ayant payé le prix fort de la crise qui a induit un recul significatif de l’activité économique dans ce pays peuple de plus de 150 millions de consommateurs. Les difficultés économiques du Nigeria ont touché de plein fouet l’activité de réexportation des produits importés vers Lagos parmi lesquels les véhicules d’occasion occupent une part importante. De façon subsidiaire, certains observateurs justifient la chute du trafic par des réformes entreprises par l’Etat pour assainir les recettes douanières. Soucieux d’optimiser ses recettes de porte, le gouvernement a mis en place un  programme de vérification des importations qui transitent par le Port de Cotonou. Les surcoûts générés par la gestion de programme, confié à un opérateur privé, auraient découragé beaucoup d’importateurs qui ont abandonné le Port de Cotonou au profit du Port de Lomé au Togo.

Situation préoccupante

La chute brutale de la vente des véhicules d’occasion constitue un réel souci pour l’Etat qui a besoin de ressources pour financier son développement. Il y a quelques années, les recettes générées par cette activité, étaient en partie destinées à financer un Programme de microcrédit aux plus pauvres. Aujourd’hui faute de ressources propres pour refinancer le programme, le gouvernement est contraint de recourir à l’aide internationale. Les difficultés actuelles de la filière se mesurent également à l’aune des emplois résultant des activités directes et indirectes liées à la réexportation des véhicules d’occasion. Aujourd’hui de milliers de jeunes qui intervenaient sur le parc se retrouvent au chômage. Une bombe sociale latente que le gouvernement semble disposé à désamorcer en proposant des projets de reconversion dans l’agriculture.

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