CENTRAFRIQUE/SOCIETE/Parcours atypique d’une Première dame
A trente six ans, la providence l’amènera des modestes habitations des banlieues de Cotonou aux lambris dorés du palais présidentiel de Bangui. Au détour d’un parcours éprouvant où Chantal Vinadou Tohouégnon Djotodia a dû se battre comme un beau diable contre l’adversité, le destin dans l’ombre de Michel, avant de goûter in fine aux délices de la vie après sa consécration comme Première dame. Explication.
De Cotonou à Yaoundé, en passant par Ouagadougou, les premières dames s’appellent Chantal. Et ce n’est une compatriote de condition modeste, qui vient d’être propulsée au devant de la scène, en tant qu’épouse de Michel Djotodia, le président centrafricain, qui me démentirait.
Chantal Vinadou Tohouégnon Djotodia, Première dame de la Centrafrique, est née le 27 août 1981 à Toffo, dans le Sud Bénin de Jean Tohouégnon et de Douhoun Houngnonsi. Quelques années après sa naissance, elle sera séparée de ses géniteurs pour rester auprès de sa grand’mère qui assurera son éducation dans des conditions modestes. Ses études primaires et secondaires achevées, elle suivra une formation d’auxiliaire de la santé qui sera sanctionnée par un diplôme en 2007. Ce qui lui permet d’obtenir une poste dans une clinique privée de l’Organisation non gouvernementale (Ong) Barka de Mme Zénabou Gbaguidi et d’y faire carrière.
Dans la foulée, elle fit la rencontre de Michel Djotodia, un diplomate centrafricain en froid avec le président François Bozizé et réfugié au Bénin. La jeune dame tombe sous le charme du réfugié politique, bon flatteur et surtout assez polyglotte. Elle ne tardera d’ailleurs pas à le rejoindre. Le gouvernement Bozizé ayant coupé le pont avec le rebelle, le couple vivota sur les maigres revenus de Chantal et des numéraires occasionnels de Michel. Mais très tôt, une autre difficulté surgit. Michel est activement recherché par le président Bozizé. La traque, longue et minutieuse, aboutira à son arrestation. Il est incarcéré à la prison civile de Cotonou au Bénin. Sa vie de bagne durera dix huit mois pendant lesquels Chantal a dû se battre pour assister, nourrir et conseiller son compagnon et surtout lutter pour qu’il ne soit pas extradé, selon la volonté de Bozizé. Son combat a consisté à mobiliser des Ong, des organisations de défense des droits de l’homme et surtout la presse pour empêcher cette extradition qui pouvait être fatale pour son compagnon. Sa lutte paie et en 2010, Djotodia est libéré de la prison civile de Cotonou. Mais au lieu de rentrer à Bangui pour occuper des postes de responsabilité comme son compère de bagne, il reste à Cotonou où il vit dans le dénuement total, la galère.
Traversée du désert
A Cotonou, Michel et Chantal mènent une vie difficile. Les revenus de Chantal et les rares perdiems de Michel n’arrivent pas à subvenir aux besoins du couple. Les arriérés de loyer s’accumulaient au fil des mois et les créanciers se multipliaient. A maintes reprises, le couple sera expulsé des logements pour n’avoir pas payé le loyer. Chantal et son mari ne désespèrent pas. En 2011, l’homme rejoint la rébellion et se sépare momentanément de son épouse le cœur brisé. Celle-ci, une fois encore sera expulsée de son logement pour non paiement de loyer. Mais la fin de la galère approche.
Michel Djotodia reviendra vite à Cotonou avec quelques moyens que lui procure la rébellion pour soulager sa compagne. Le 27 juin 2012, les deux compagnons se marient devant le chef du 10ème arrondissement de Cotonou Florentin Tchaou. Quelques mois après, par un hasard coquin, Michel devient président de la république de Centrafrique, à la faveur d’un coup d’Etat et Chantal, Première dame.
« La Renaissance »
Chantal ne rejoindra Bangui qu’après que son mari ait pris le pouvoir à la suite du putsch. Sur place, elle a compris qu’il ne fallait pas rester les bras croisés. La misère et le défi humanitaire dans un pays rongé par la guerre l’amènent à créer une fondation nommée « La Renaissance ». Celle-ci a pour objet d’aider les orphelins, les mères, les malades du Vih/Sida, les personnes du 3è âge à subvenir à leurs besoins. Aussi, elle entend travailler pour aider les jeunes et les femmes à trouver des emplois grâce aux microcrédits. Elle a organisé sa première sortie à la maternité du « Camp des Castors » à Bangui où elle a assisté financièrement la mère d’un triplé et une autre femme qui a accouché de jumeaux. Frappée par la coupure intempestive d’énergie dans cette maternité, elle y est retournée une seconde fois pour offrir un groupe électrogène. Elle a aussi soutenu des sinistrés et des orphelins du Centre de la mère. Aujourd’hui, Chantal Tohouégnon Djotodia entend jouer aux côtés de son mari, un rôle important dans la lutte contre la pauvreté en Centrafrique. Pour cela, elle en appelle à la communauté internationale et au réseau des premières dames d’Afrique et du monde.
Commentaires