Serge Babylas de Souza

BON A SAVOIR / Diffamation : un lien vers un article est une nouvelle mise en ligne de cet article

Le Directeur du campus numérique de l’Agence universitaire de la francophonie (Auf) au Bénin, Abdoulaye Salifou a récemment attiré mon attention sur le forum de l’Union des professionnels des médias du Bénin (Upmb) par une observation se rapportant au lien hypertexte que je voudrais partager avec les consœurs et les confrères de Mondoblog.

 « La création d’un lien hypertexte permettant d’accéder directement à un article plus ancien, que la création d’un tel lien doit être analysée comme une nouvelle mise en ligne du texte auquel ce lien hypertexte renvoie », affirme un jugement du 18 mars 2013 du Tribunal de grande instance) Tgi de Paris, dans une affaire de diffamation. Dès lors, l’assignation délivrée le 5 décembre 2011, se rapportant à un lien publié le 8 septembre et renvoyant à un article considéré comme diffamatoire mis en ligne le 14 juillet, a valablement interrompu le délai de prescription de trois mois. Le caractère diffamatoire des affirmations contenues dans cet article a donc pu être examiné, contrairement à un autre article en cause mis en ligne le 28 juillet, le délai de trois mois ayant expiré le 29 octobre 2011.
Il s’agissait de la publication d’articles sur le site africaintelligence.fr relatifs à la mort d’un homme présenté comme commissaire de police et ancien garde du corps du roi marocain Mohammed VI. Les textes faisaient état d’un assassinat dans les locaux d’une société d’informatique, dirigée par un soi-disant ancien des services des renseignements extérieurs du royaume. Le tribunal a examiné les faits évoqués et a considéré qu’ils ne pouvaient être considérés comme portant atteinte à l’honneur ou à la considération de la société ou de son dirigeant.

SOURCE : LEGALIS, du 26 mars


Joyeuses Pâques

Oeufs de Pâques
Oeufs de Pâques ukrainiens

En ce temps de fièvre préparatoire pour l’atelier de Dakar au Sénégal dont les travaux sont prévus du 6 au 14 avril 2013, il me plait de revisiter pour les amis de la plateforme RFI/Mondoblog, les visiteuses et les visiteurs, de plus en plus nombreux, la tradition de la Pâques, cette fête chrétienne par excellence, commémorée demain dimanche 31 avril 2013, dans le monde entier.

Contrairement à la Noël, la Toussaint ou la fête des morts, la date de célébration pascale change chaque année. D’où son caractère de fête mobile obéissant pourtant à des règles bien établies. A preuve, à travers Pâques, on célèbre la résurrection de Jésus-Christ en souvenir du jour où ses disciples se rendirent à son tombeau et découvrirent que celui-ci était vide, trois jours après sa mort sur la croix. Sur le chemin du retour, les disciples rencontrèrent Jésus ressuscité  et commencèrent à répandre la bonne nouvelle. La suite, on la connait…

Pour le commun des mortels,  la détermination du jour de Pâques a toujours été un casse-tête. En ce sens que cette date n’est pas fixe et change chaque année. Avec la constante qu’elle doit se dérouler le premier dimanche suivant la première pleine lune ecclésiastique du printemps. Bien entendu, la pleine lune ecclésiastique ne correspond forcément pas à la pleine lune astronomique. Par ailleurs, cette date doit impérativement tomber entre le 22 mars et le 25 avril.

Pâques est un jour de fête et d’allégresse. Tous les interdits du Carême sont ainsi levés. La période de Pâques est appelée  le « temps pascal ». Traditionnellement, l’agneau pascal – en commémoration du Christ, « agneau de Dieu » – est consommé le jour de Pâques. Mais à défaut, on peut se contenter tout simplement des œufs de Pâques, un symbole chrétien.

En effet, pour la circonstance, des œufs en sucre, en chocolat ou des œufs durs sont décorés le plus souvent par les enfants. En Belgique comme en France, la tradition veut que les œufs soient offerts le matin du dimanche de Pâques. Les œufs étant cachés dans la maison ou le jardin, il revient aux enfants de les trouver. Ce qui crée une folle ambiance.

En Angleterre ou aux États-Unis, le symbole de la Pâques est représenté par un lapin. Aux Africains de puiser dans notre imaginaire collectif pour trouver un symbole, voire des symboles, en harmonie avec ces réalités venues d’ailleurs.

Joyeuses Pâques à toutes les Mondoblogueuses, à tous les Mondoblogueurs, à tout le Staff RFI/Mondodoblog ainsi qu’à tous les partenaires à divers niveaux.

A bientôt.


La pré-collecte des ordures ménagères, un créneau porteur

Les éboueurs ont pour vocation de débarrasser les ménages abonnés à leurs services de leurs lots quotidiens de déchets ménagers. Une activité quoique assimilée à une basse besogne dans l’imaginaire collectif national, permet à nombre de personnes de s’éloigner des affres de la précarité et du chômage.

Pré collecte des ordures ménagères
pré collecte des ordures ménagères à Cotonou

 

Quarante mille francs Cfa (environ 80 euros) par mois. C’est le salaire moyen d’un éboueur. Les Organisations non gouvernementales (Ong) de pré-collecte d’ordures ménagères qui strient la ville de leurs charrettes et tricycles fournissent ainsi de l’emploi à des centaines de Béninois. Tenez, il y a, rien qu’à Cotonou, 77 de ces Ong, qui emploient sur toute l’année et de façon permanente au moins trois personnes, et des travailleurs occasionnels pour des tâches ponctuelles, des remplacements ou des renforts.

Petit arrêt dans une de ces structures ayant à charge l’hygiène de la ville. Ici, à l’Association des frères de l’humanité (Afh), le premier pas dans la rue pour vider les poubelles des maisons remonte à 1998, mais de façon officielle, cette Ong existe depuis l’an 2000. Elle a plusieurs employés : deux éboueurs réguliers à 40.000 francs Cfa par mois chacun et un éboueur occasionnel payé à la tâche, sans oublier les percepteurs engagés de façon ponctuelle pour le recouvrement des redevances auprès des ménages chaque mois, des percepteurs ristournés de 1500 à 2000 FCFA sur 10.000 F Cfa de recouvrement au profit de l’Ong. En plus de ces travailleurs, il y a un bureau constitué du directeur, d’un adjoint ou vice-président chargé du suivi et d’une trésorière, payés selon les frais d’abonnement collectés auprès de la clientèle. Leur salaire est donc tributaire de la moisson récoltée. Ledit salaire varie entre 15.000 et 35.000 francs Cfa par mois, en fonction de la régularité de paiement des abonnés. A titre d’illustration, l’Ong Afh couvre 827 maisons sur la zone de Houèyiho II dans la partie est de Cotonou. Des 827 maisons, seulement 178 ont souscrit l’abonnement aux services d’Afh, soit 21,52% du total. Même pas le quart. Un problème environnemental sérieux, car le constat prouve que certains de ces non-abonnés se débarrassent de leurs ordures dans les bas-fonds, ou les vident dans les voies d’évacuation d’eaux usées de façon plus ou moins discrète, voire carrément dans la rue, sur les terrains vagues ou des maisons en chantier abandonnées. Une attitude qui fait dépenser la municipalité de Cotonou, par exemple en travaux supplémentaires dans les caniveaux et autres collecteurs d’eaux usées, qu’il faut déboucher. Conséquence, les impôts des citoyens sont détournés d’objectifs importants pour refaire un travail résultant de l’incivisme…mieux de la pauvreté.

Le ramassage d’ordures ménagères coûte en moyenne 2.000 francs Cfa (3 euros) par maison. Mais le prix peut varier en fonction du volume de déchets, du nombre d’habitants de la maison ou du nombre d’appartements dans l’habitat. Ainsi, certains domiciles peuvent payer 1.500 francs tandis que d’autres foyers paient 2.000, 2.500 voire 3.000 francs Cfa par mois pour trois interventions des éboueurs par semaine.

Un énorme manque à gagner

Selon Rosaire Kassa, vice-président de l’Ong Afh, sur les 178 maisons couvertes, beaucoup ne paient pas leur contribution. Ce qui fait que parfois, les contrats sont rompus et certains arriérés ne sont jamais recouvrés. « Pour ce mois de mars, nous devons collecter au moins 208.000 francs Cfa, rien que pour les abonnés de l’ordre de 2.000 francs par mois », dit-il. Mais il n’est pas sûr qu’eux tous paieront, pas plus que les abonnés de 1.500 francs ou les autres. « Or si tout le monde payait régulièrement ses dus, les Ong travailleront mieux parce que cet argent sert à nous payer mais aussi à assumer toutes les autres charges (loyer, eau et électricité, charrettes et imprévus, etc., ndlr) », conclue-t-il. De plus, la mairie ne leur prélève rien. Comme quoi, les ordures,  ont des avantages.

Selon Ganiou Akande, directeur de la Coordination des Ong de gestion des déchets ménagers et de l’assainissement (Cogeda), l’instance qui dirige toutes les Ong de pré-collecte des ordures ménagères à Cotonou, il existe dans la capitale économique 12 dépotoirs ou points de regroupement. C’est dans ces endroits que les Ong de collecte d’ordures vident leur « moisson », qui est collectée et convoyée par la suite hors de la ville pour traitement, notamment à Ouessè, où se trouve un site d’enfouissement sanitaire. Cette tâche est effectuée conjointement par la Cogeda, la Direction des services techniques de la mairie de Cotonou et des entreprises spécialisées, telles qu’Omoloto.

Encadré 

 Une charrette de collecte d’ordures ménagères coûte de 250.000 à 300.000 francs Cfa (entre 400 et 500 euros). Un tricycle motorisé de collecte d’ordures coûte environ 800.000 francs (environ 1 200 euros) selon la marque. De 35 concessions abonnées à Cotonou en 1991, le nombre a évolué pour atteindre 71 concessions abonnées en 1993, 267 en 1994, 1046 en 1995, 12.500 en l’an 2000, 24.065 en 2003, et plus de 40.000 en 2013.

 

 


La vente à la sauvette ou le commerce de la course contre la faim

À défaut d‘être au centre des préoccupations lors de la journée internationale de la femme, l’activité génératrice de revenus qu’est la vente à la sauvette, mobilise de nombreuses concitoyennes, bien que source d’autonomisation pour la femme, n’est pas dénuée de risques.

Vente à la sauvette
Vente à la sauvette à un carrefour de Cotonou
Vente à la sauvette
Vente à la sauvette à un carrefour de Cotonou à la tombée de la nuit

Akpakpa, Poste kilométrique 3,5 au carrefour de la poste du Bénin. Sept heures ce mercredi du mois de mars.  La circulation commence déjà par s’intensifier. Aux abords de ce grand carrefour de Cotonou Est, sont discrètement exposés des étalages de denrées alimentaires comme du pain, des fruits mais également, divers produits pour les besoins de l’usage domestique. Point n’est besoin pour celui qui dans un véhicule voudrait acheter ces marchandises de s’arrêter pour stationner. Profitant du ralentissement des véhicules, plusieurs femmes se précipitent vers les automobilistes et leurs passagers pour proposer à l’achat divers articles.

Entre la quinzaine et la quarantaine d’années, ces revendeuses ambulantes exercent leurs activités pour joindre les deux bouts comme on le dit vulgairement ici.  Blandine, dix-sept ans, s’adonne à la vente à la sauvette depuis quatre ans. D’un ton calme et posée, elle explique que c’est grâce à cette activité qu’elle arrive à s’assumer. « Je peux gagner jusqu’à mille francs (1, 60 euros) par jour », indique-t-elle.

Élève en classe de quatrième, elle s’adonne à cette activité à ses heures creuses.  Sans fonds de commerce, elle s’approvisionne à crédit et règle sa facture le soir. « Lorsque je ne vais pas à l’école, je viens vendre ici. Je propose des marchandises comme du pain ou des fruits aux passagers des véhicules. Nous avons des  grossistes qui nous livrent les marchandises et à la fin de la journée, nous leur faisons le point de la vente de la journée. Par exemple, je prends du pain à quatre-cent cinquante et je revends à cinq-cents francs. Donc sur chaque pain vendu, je gagne cinquante francs. Le reste de la marchandise je le restitue et le lendemain je reviens à la charge » raconte-t-elle. Si non je viens quand je n’ai pas cours. L’argent que je gagne me permet d’aider mes parents à subvenir à certains de mes besoins », raconte-t-elle, visiblement fière de mener une activité économique en dehors des classes.

Elles sont nombreuses, ces femmes qui, comme Blandine,  procèdent ainsi pour subvenir à leurs besoins. Très tôt le matin, elles vont chercher des articles et prennent d‘assaut les grands carrefours de Cotonou à la recherche de leurs pitances. En prenant d’énormes risques sous le soleil voire bravant parfois la pluie pour proposer des articles à la clientèle que constituent les passagers des nombreux véhicules en circulation sur cet axe routier, Ainsi, elles courent toute la journée à la recherche des acheteurs. Inhalant les fumées des gaz d’échappement des véhicules sans se soucier des dégâts éventuels sur leur santé.

Courses poursuites aux abords des routes

Un taxi allant sans doute vers Sèmè ralenti pour prendre un passager dans les environs du carrefour « la Poste » à Akpakpa. Une horde de vendeuses à la sauvette se rue sur lui. Un passager, hésita un instant, puis d‘un geste de la main, fit appel à une vendeuse d‘oranges. Après discussions le marché est conclu. Pendant que Jeanne, la vendeuse, tend la marchandise à son client, le chauffeur du taxi relance son moteur et démarre. Elle s’élance alors à la poursuite du véhicule pour livrer sa marchandise et encaisser.

« C’est ainsi que cela se passe tout le temps », explique-t-elle heureuse d‘avoir réussi à vendre à un client. « J’ai vendu pour deux-cents francs. Je gagne presque vingt-cinq francs de bénéfice sur cette vente. Si je réussis à vendre à quarante personne dans la journée, je suis à mille francs », explique-t-elle contente de bien commencer sa journée.  Elle raconte ensuite que les chauffeurs refusent parfois de patienter pour que les passagers finissent leurs achats avant de reprendre la route. Toute chose qui fait courrir le risque de se faire ramasser par un autre véhicule où que des gens de mauvaises foi emportent l’article sans en avoir payé le prix.  Malgré ces risques Blandine explique vilubile : « je dois faire quelque chose pour soulager les dépenses de mes parents pour ma scolarité ». Cette adolescente estime également  qu’elle doit faire cela pour aider ses parents, même si cela comporte des risques. « Je sais que ce n’est pas bien de vendre ainsi mais, faire faire ? », s’interroge-t-elle avant d‘ajouter : « qu’est-ce qui est sans risque dans ce monde…».

Assiba, la trentaine, mère de trois enfants renchérie et précise que c’est la meilleure manière de vendre. « Pour assurer les besoins fondamentaux de nos enfants, nous sommes contraintes de venir ici, qui pour aider les parents, qui pour vendre espérant que le soir, nous pourrions préparer et manger à notre faim » raconte-t-elle tout en se sauvant vers une voiture qui vient de garer. « C’est un client potentiel », explique Blandine qui, à son tour court vers le même véhicule.

Pratique dangereuse

Jérôme, chauffeur de taxi condamne la vente à la sauvette. Pour lui, c’est une situation à corriger : « C’est vraiment dangereux pour ces gens de se faufiler entre les véhicules pour chercher des clients, alors qu’elles n’ont pas la garantie que ces véhicules vont s’immobiliser. Elles courent des risques d’accident. Si la police pouvait faire quelque chose on éviterait des accidents du fait de l’imprudence de ces femmes, qui parfois ont un bébé au dos ».

La présence des forces de l’ordre n’inquiète pas outre mesure ces vendeuses qui bravent le danger. Tout se déroule sous le regard discret des agents de la police urbaine, occupés plutôt à réguler la circulation où à contrôler les pièces des véhicules. Approché l’un d‘entre eux indique que l’activité serait interdite mais il n’avait pas reçu mandat pour réprimer la pratique tout en se réservant de tout autre commentaire pour ne pas s’attirer les foudres de la hiérarchie, très tatillonne sur ces questions.

La vente à la sauvette, activité informelle par excellence, mais génératrice de revenus, contribue à nourrir une frange non moins négligeable de la population béninoise. Source d‘autonomisation pour la femme, elle gagnerait à être mieux organiser pour éviter à ses acteurs, majoritairement des femmes, de nombreux désagréments..


Le droit à la scolarisation en panne d’argent

Le droit à l’éducation est désormais un dilemme pour les pouvoirs publics depuis plus de trois ans où l’école béninoise est agitée par les vagues de non paiement des subventions et de défalcations tout azimut, pour faits de grève.

des écoliers laissés pour compte
Des écoliers laissés pour compte en zone lacustre dans le sud Bénin

Les subventions plombent le fonctionnement normal des écoles béninoises depuis quelque temps. Finie la satisfaction manifestée par les responsables des établissements d’enseignement scolaire tout au début de la signature de l’accord des subventions entre le pouvoir et les écoles primaires publiques. Les difficultés de l’école publique nationale au cours de ces trois dernières années font craindre le pire à bien des observateurs avisés. Et pour cause. D’un million cinq cent à deux millions de francs Cfa, (environ 1600 à 3100 euros), les écoles sont actuellement financées à hauteur de neuf cent mille (environ 1450 euros), au cours de ce triennal. Basée sur l’effectif de chaque établissement au début du projet, les subventions aujourd’hui tiennent compte du nombre de classe par école. Cette disposition du ministère fait suite à des magouilles orchestrées dans les rangs de certains directeurs d’école qui n’ont pas hésiter à trafiquer les statistiques traficotées et à gonfler les chiffres, afin de bénéficier d’un important accord de financement au niveau de leurs écoles. Face à cette situation,  le ministère en charge de l’enseignement maternel et primaire trouve une autre stratégie pour l’octroie des subventions. Selon M. Jean-Marie Gbaguidi, directeur de l’école primaire Cs Gbessou dans la commune de Sô-Ava, chaque établissement scolaire bénéficie de subventions au prorata du nombre de classes, à raison de cent cinquante mille francs (près de 245 euros) par classe. Une disposition qui crée des grincements de dents au niveau des bénéficiaires qui n’ont pas hésité à monter au créneau pour se faire mieux par les autorités ces derniers, notamment dans les communes d’Abomey-Calavi et de Sô-Ava.

Ecoles fermées faute de subventions

Suspension de la fourniture de l’énergie électrique et de l’eau potable, compteurs d’électricité et d’eau sous scellés, salles de classes closes, suite à un endettement excessif des écoles publiques auprès de leurs fournisseurs. C’est la situation que vivent les écoles primaires publiques dans les communes d’Abomey-Calavi et de Sô-Ava. A cause du non paiement des subventions à trois mois des vacances scolaires. Ce qui jette un discrédit sur l’éducation nationale.

D’après les enseignants des deux communes, les portes des écoles resteront fermées jusqu’à la normalisation. Cette disposition des chefs d’établissements constitue un handicap pour le système éducatif national. En réalité, les responsables d’écoles sont révoltés par le silence coupable des autorités qui manifestent peu d’enthousiasme à la recherche de solutions aux  difficultés que rencontrent les écoles depuis octobre 2012. L’école béninoise déjà confrontée à la divergence des points de vue sur les programmes en cours, risque de sortir fragilisée de cette nouvelle épreuve. Ce qui fait dire au secrétaire général du syndicat national des enseignements maternel et primaire, Philippe Houédénou que, «cette situation ne doit laisser personne indifférente puisque les directeurs d’école doivent à leurs fournisseurs depuis le début de la rentrée. Cette manière de gérer les écoles selon lui, ne favorise pas d’autres demandes en fournitures scolaires vis-à-vis des fournisseurs. C’est inconcevable qu’une école faute de subvention reste sans électricité et sans eau ». Avis partagé par Bernard Philippe Houédénou, qui soutien la décision des directeurs d’école de fermer toutes les salles de classes jusqu’à la satisfaction de leurs doléances. Et c’est en cela que se justifie l’exaspération de Jean-Marie Gbaguidi, « j’ai honte de m’approcher de mon fournisseur à qui mon école doit depuis octobre pour d’autres demandes ». Ce qui n’arrange pas les écoles, confie-t-il « c’est que les articles des fournisseurs sont frappés par la Taxe sur valeur ajoutée (Tva). Ainsi, le cahier ailleurs livré à mille cinq cent (moins d’un euro), est vendu à deux mille cinq cent francs (un peu moins de 20 euros) par ces fournisseurs. Pour le directeur départemental  de l’enseignement maternel et primaire, les directeurs d’école ont raison de crier leur ras-le-bol mais doivent faire preuve de patience. Cette situation que vivent les écoles souligne-t-il est indépendante des autorités. Il s’agit d’un retard technique dû aux incohérences entre l’année scolaire et l’année budgétaire. Des dispositions sont prises pour le rétablissement des compteurs d’eau et d’électricité. Une solution pour la lumière et l’eau mais qu’est ce qui est prévu du côté des subventions…

Embargo sur les copies 

L’embargo sur les copies des élèves du primaire jusqu’au secondaire est la nouvelle arme trouvée par les syndicalistes pour forcer la main au pouvoir. L’appel syndical pour l’embargo sur les copies des élèves bloque la seine émulation des élèves. L’école, qui par le passé constituait déjà un lourd investissement pour les parents souffre désormais du manque d’argent. La rupture des négociations entre gouvernement et syndicats pour le dialogue social, la défalcation des salaires des frais pour faits de grève et le retard des subventions plombent le droit à l’éducation pour tous au Bénin. Les pouvoirs publics gagneraient à remettre à brève échéance, les pendules à l’heure en jouant leur partition. Faute de perdre toute crédibilité en compromettant la pérennité du système éducatif national.


L’économie béninoise aux abois suite aux coupures intempestives d’électricité

Le Bénin a renoué  avec les délestages en électricité, ce qui n’est pas sans conséquence sur les activités économiques et financières.

Le personnel de « B », une entreprise privée spécialisée dans les prestations de service est oisif. D’aucuns devisant tranquillement entre eux, d’autres somnolant, tête sur le bureau. Depuis plus de trois heures, une bonne partie de la ville de Cotonou n’a pas d’électricité. Non par défaut de paiement des factures de consommation, mais à cause du délestage tout simplement. Depuis plusieurs mois, la Société béninoise d’énergie électrique (Sbee), coupe sans aucune forme d’explication la distribution du courant électrique. Et à défaut de l’énergie électrique, combien indispensable dans le fonctionnement des administrations, tout tourne au ralenti.

Jean François, administrateur d’une entreprise privée de la place, déplore cette situation qui «est la résultante du non-respect de ses engagements vis-à-vis de ses clients ».         « Vous constatez vous-même qu’il n’y a pas d’énergie pour traiter les dossiers. Chaque fois que la Sbee prend le courant, c’est pour au moins trois heures. On attend le rétablissement du courant pour travailler. Au départ, cela durait quelques minutes mais, depuis quelques jours, ces coupures deviennent de plus en plus fréquentes et plus longues ». À quand le retour à la normale ? « Je ne saurais le dire. Or nous avons des délais contractuels pour livrer des travaux. Comment perdre presque tous les jours, la moitié du temps de travail ? Quand allons-nous finir nos commandes et les livrer ? Depuis que cela a commencé, mes recettes baissent et plus les coupures durent, plus je cumule des manques à gagner », raconte-t-il d’un ton amer.

Calvaire du délestage

A l’instar de ce jeune chef d’entreprise, tous les patrons d’entreprises que ce soit dans le secteur privé ou dans l’administration publique déplorent les coupures d’électricité. Outre les administrations, les ménages vivent le calvaire des délestages qui en disent long sur les capacités du Bénin à accueillir des investissements privés. Dans les sociétés d’État, on accuse la Sbee d’être à l’origine de la lourdeur ou de l’impossibilité de répondre à temps aux sollicitations des usagers. À en croire certains agents, «l’absence de l’énergie électrique contraint à surseoir le travail jusqu’au rétablissement du courant ». Ainsi, depuis le retour des délestages, les rendements ont drastiquement baissé dans les services.

Une lampe tempête
La Lampe- tempête refait surface

Le délestage est omni présent sur toute l’étendue du territoire national. À Parakou la situation n’est guère enviable. Les sorties nocturnes tournent au drame. Par ces temps de forte chaleur, les abonnés de la Sbee ne savent plus où donner de la  tête. Promoteurs de cybercafés, de bar-restaurants, imprimeurs et gestionnaires de centres de photocopies, etc. n’ont plus de voix pour dénoncer une situation qui met à mal leurs affaires.

Si ici, la coupure dure quelques heures, ailleurs, c’est parfois toute une nuit et la moitié de la journée suivante qu’il dure de l’autre côté de la rue.  On peut citer le troisième arrondissement de Cotonou où après vingt-trois heures le dimanche 24 février dernier, après plusieurs coupures dans la journée, les habitants ont été définitivement privés de l’énergie électrique jusqu’au lundi après midi. Un gérant de débit de boissons confia alors : «Un dimanche nuit, je peux faire un chiffre de plus de deux-cent mille francs (un peu plus de 300 euros), mais je me suis retrouvé avec moins de quarante mille francs (60 euros)». À l’instar de ce gérant de buvette, c’est la grande désolation chez les résidents de cet arrondissement populeux de Cotonou.

Déception dans les rangs des abonnés

« Concerts de groupes électrogènes dans mon quartier cette nuit. J’en ai eu le sommeil coupé. Tu rentres chez toi après une grosse journée de travail et tu es accueilli par l’obscurité totale. La chaleur et les moustiques en prime. L’enfer sur terre ! Et je n’exagère pas, croyez-moi. C’est comme cela que je le vis ». Ainsi s’exprimait Gabin, la trentaine, le 1er mars denier pour déplorer la situation.  «C’est comme cela que nous vivons la plupart du temps depuis quelque temps. Le Bénin est devenu l’ante chambre de l’enfer », enfonce  étudiant en gestion.

Malgré la volonté affichée par le fournisseur national de l’électricité pour augmenter sa production, les abonnés continuent de subir des coupures intempestives. Jérôme, un abonné de la Sbee s’interroge sur les capacités réelles de la société à satisfaire ses clients. « Mais à ce que je sache la Ceb a accepté de nous donner quelles quantités d’électricité dès la mise en service de la turbine à gaz de Maria-Gléta ? » s’interroge-t-il. Il note que  les dirigeants ne semblent pas comprendre la souffrance du peuple. « Tout ce qui ce passe ne leur dit rien. Le mieux est que chacun s’achète un groupe électrogène de secours et un régulateur pour protéger ses appareils».

Quant à Jeanne, une opératrice économique suggère pour sa part que l’entreprise qui installe l’énergie solaire fasse preuve de célérité dans ses réalisations, multiplie les zones d’intervention et révise le coût de ses prestations à la baisse ainsi que la qualité du matériel installé.  Espérant ainsi qu’une partie de la population pourrait commencer à quérir leur indépendance énergétique vis-à-vis du fournisseur national. Et comme pour dire que la nature est prête à accompagner cette politique, Jeanne souligne que « le soleil devient de plus en plus brûlant ».

Jacques plus vindicatif appelle à l’action : « à chacun son panneau solaire ou son groupe électrogène pour contourner et la Sbee serait morte et nous serons libres… ». Plus sceptique, Jean Marie s’exclame : « En tout cas, on doit subir. Il n’y a pas de solution. Sinon achetez des torches et piles ». Et il rappelle la grande publicité faite autour de quelques actions de saupoudrage. « Mais vous nous aviez dit a grand renfort médiatique en 2007 que le Nigeria nous a donné du courant et que les délestages sont un lointain souvenir non? », se moque-t-il.

Anicet  enfonce le clou. « Il faut se remettre à Dieu puisque le directeur général de la Sbee est fier des résultats de sa structure et n’en fait que des éloges à travers les médias », souligne-t-il au passage. Gérard D. plus moqueur fait allusion à la médiatisation de la société et affirme : « c’est quand même difficile à comprendre… Nous avons vu et entendu des hauts responsables dire que des pays nous ont donné des mégawatts… mais le constat reste amer… ». Tout en déplorant cette attitude il attire l’attention sur la méprise du prestataire de services. « C’est révoltant! Car au moins, on pouvait informer la population d’un calendrier des coupures… c’est dommage… » Laisse-t-il entendre d’un ton sec.

Malgré l’état fonctionnel des turbines de Maria-Gléta…

Le délestage a fait son retour au moment où le Bénin réceptionnait, la centrale électrique de Maria-Gléta (Banlieu d’Abomey-Clavi). Le profane est alors en droit de penser que le pays dispose désormais de plus de quantité d’énergie électrique que par le passé. Puisque, cette usine de production de l’énergie électrique est censée, selon les propos des responsables de la Sbee, produire quatre-vingt mégawatt. Pour les mêmes sources, les essaies auraient fournis plus de cinquante mégawatt d’électricité. Le gros souci de cette centrale électrique gérée par la Communauté électrique du Bénin, fournitrice de la Sbee, demeure le combustible.

Conçu pour fonctionner avec du gaz devant provenir du Nigeria, les essais ont été faits avec du Jet A1, carburant utilisé par les réacteurs des avions. Les techniciens ont dû recourir à ce combustible, explique-t-on, en l’absence du gaz approprié pourtant négocié à l’avance. L’espoir suscité par l’avènement de cette centrale électrique a disparu.

À la direction générale de la Sbee, on indique que, faire tourner ces turbines avec du jet A1 aurait des implications financières lourdes que la société ne saurait supporter. « Le chef de l’État ayant défendu formellement toute nouvelle augmentation du prix de l’électricité au Bénin », s’écrit un responsable de cette entreprise publique. Des réflexions seraient alors en cours pour pallier au déficit énergétique national, apprend-on de source interne à l’entreprise.

Enfin des explications…

Pendant longtemps, et malgré les récriminations des abonnés les responsables de la société distributrice de l’électricité sont restés muets sur les défaillances de leur société vis-à-vis des abonnés. À la faveur d’un débat provoqué par une télévision privée de la place, le directeur général adjoint a fini par admettre la crise énergétique et l’expliquer en ces termes. « La Société distribue l’énergie électrique disponible aux abonnés. Le Bénin ne produit pas de l’énergie électrique ». C’est ce qu’a laissé entendre Camille Kpogbémabou. En ce qui concerne  les raisons du délestage que subissent les populations, il ressort des explications du Dga Sbee que les besoins en énergie électrique des populations s’accroissent  de façon exponentielle pendant que l’énergie mise à  disposition du Bénin par la  Communauté électrique du Bénin (Ceb), qui réunit le Bénin et le Togo, stagne voire diminue.

Une déclaration confirmée par Barthélémy Kassa,  ministre de l’énergie. À la suite d’une audience avec le président de la République, il a  indiqué que le Bénin produit en ce moment seulement onze pour cent de sa consommation en électricité. Du coup, le pays dépend à quatre-vingt-neuf pour cent de l’extérieur.


Incontournables traîneurs de pousse-pousse

Ils sont estimés à plus de seize mille dans la ville de Cotonou au Bénin. Un chiffre qui témoigne de leur forte présence et par conséquence de leur importance au sein des marchés de la ville. Zoom sur un métier difficile.

 Qu’on se le tienne pour dit. C’est un métier difficile. Traîner un pousse-pousse chargé de marchandises pesant plusieurs centaines de kilogrammes, voire avoisinant parfois la tonne, sous le chaud soleil de Cotonou, pour gagner sa vie, est loin d’être une partie de plaisir. Cependant, ils sont là, bien présents, aux abords des marchés, participant par leurs activités génératrices de revenus, à l’économie du pays et se rendant chaque jour indispensables, à travers les services rendus aux usagers des marchés de la ville.

Deux cent francs Cfa (moins du tiers d’un euro), c’est le minimum à payer pour une course à effectuer par ces bourreaux du travail. Mais en fonction de la taille, de la qualité ou du poids des marchandises à transporter et en fonction du trajet à effectuer, le coût peut augmenter jusqu’à 1000 francs Cfa (moins de 2 euros), voire plus. Il s’agit là des traîneurs de pousse-pousse ambulants, à en croire Cyriaque Gbèhou, secrétaire général de l’Association des traîneurs de pousse-pousse de Cotonou (Atpc).

Dans la cité économique du Bénin, ils sont aujourd’hui 15.200 à exercer ce métier qui, il y a moins de quinze ans, était un secteur purement informel et sans organisation. La mise sur pied de l’Atpc en 1999 a permis d’organiser ce secteur d’activités. De 200 traîneurs de pousse-pousse à cette époque, le nombre a considérablement augmenté pour atteindre 13.587 en 2010 et plus de 15.000 de nos jours.

Les traîneurs de pousse-pousse, si l’on s’en tient aux témoignages recueillis à Gbogbanou (marché Tokpa), ont connu ce qu’on pourrait considérer comme l’âge d’or de leur profession, à la fin des années 2000 où le Bénin a enregistré une croissance démographique importante (de 6 millions et demi d’habitants à plus de 8 millions entre 2004 et 2010) et économique non moins négligeable (plus de 2% par an sur les dernières années).

Arouna, sexagénaire, ancien traîneur de pousse-pousse reconverti dans le commerce à la sauvette, témoigne : « L’on pouvait trouver des marchés qui nous rapportaient jusqu’à 30.000 francs Cfa (un peu moins de 50 euros) la journée. Aujourd’hui, plus rien. »

Plus rien…façon de parler certainement. Cyriaque Gbéhou donne des chiffres précis : « Un traîneur de pousse-pousse ambulant, s’il est travailleur, peut gagner par jour 8.000 francs Cfa (environ 13 euros). Pour ceux qui sont attachés à des commerces de particuliers, ils peuvent percevoir entre 10 et 15, voire 18.000 francs Cfa (20 à 30 euros), surtout les jours de grande affluence. Même les pousseurs ambulants, ces jours-là, peuvent atteindre 15.000 francs Cfa (25 euros). »

Seulement, au terme de tous ces va-et-vient, le corps de l’homme reçoit parfois plus de coups qu’il n’en faut : « Work di pass money », dit un pousseur nigérian. Littéralement, « le travail dépasse l’argent. » Outre la chaleur et le stress, l’effort physique ou les altercations avec des clients peu ou prou indélicats, le traîneur de pousse-pousse a une famille à nourrir et bien sûr sa santé à ménager. Un assemblage d’éléments qui réduisent considérablement son gain. Au terme des dépenses dues à ces différentes charges, c’est à peine 2000 francs Cfa (un peu plus de 3 euros) qu’il peut épargner quotidiennement.

L’Atpc en bref

Si les traîneurs de pousse-pousse de Cotonou ont actuellement une certaine légitimité et une utilité certaine, elles sont dues – il serait difficile de le nier – à l’action de leur association de tutelle. Certes, l’adhésion est libre et le nombre de traîneurs de pousse-pousse de Cotonou est légèrement plus important que celui avancé par l’Atpc, qui ne peut fournir que les statistiques concernant ses affiliés. Toujours est-il que ceux qui exercent en « free-lance » ne bénéficient pas de la même confiance des usagers des marchés de la ville que leurs confrères de l’Atpc. Et pour cause, en cas de vol, de perte ou de disparition de marchandises, il est aisé de retrouver le coupable s’il porte sa blouse bleu ou marron ainsi que son badge, contrairement aux pousseurs indépendants, qui sont dans l’informel. Pour preuve, clame Cyriaque Gbehou, « les cas de vol ont diminué. Avant, on enregistrait des dizaines de plaintes des clients. Or en 2012, nous n’avons enregistré que 8 plaintes, et 3 depuis le début de cette année. Et les pousseurs mis en cause sont toujours retrouvés, ainsi que les marchandises. »

L’Atpc, dont le siège se trouve au sein de la mairie du 5ème arrondissement à Gbobanou, est sous la tutelle de la Société de gestion des marchés (Sogema). Les dix membres du bureau de l’Atpc avouent ne rien reverser à la mairie qu’ils voient comme un partenaire, autant que la Sogema, dans la gestion des marchés de Cotonou. Béninois, Nigériens, Maliens, Nigérians, Centrafricains, Gambiens, au moins 10 nationalités sont représentées par les traîneurs de pousse-pousse de la ville vitrine du Bénin. L’affiliation à l’Association des traîneurs de pousse-pousse de Cotonou leur coûte à chacun 10.000 francs (15 euros), contrairement à 8300 francs Cfa (13 euros) il y a trois ans. Cette somme couvre la confection des blouses, des pièces d’identité – avec l’aide des ambassades pour les étrangers – et autres papiers formels et bien sûr les frais du Bureau, assisté d’une dizaine d’agents de sécurité au marché Tokpa et d’environ 80 délégués de zone, ces responsables qui constituent les relais du Bureau auprès des divers ressortissants de chaque pays.


Bonne fête à toutes les Mondoblogeuses, à toutes les femmes de la planète

marché de nuit
Une vendeuse devant son étalage

C’est avec une joie manifeste et une fierté légitime que je m’adresse en ce jour béni du 8 mars, à toutes les Mondoblogueuses et à toutes les femmes de notre village planétaire, pour leur souhaiter une bonne et heureuse journée internationale de la femme.

Par un hasard coquin, votre serviteur, a vu le jour le 8 mars. D’où mon intérêt pour cette journée spéciale que j’ai l’honneur de partager avec les femmes du monde entier.Ce qui constitue à bien des égards, un privilège.

Le Bénin, à l’instar des autres nations de la communauté internationale, commémore ce jour vendredi 8 mars 2013, la journée internationale de la femme. En cette heureuse occasion, il me plait de présenter mes compliments et de souhaite une bonne fête, à toutes les visiteuses de la plateforme, à toutes les femmes de l’équipe d’encadrement RFI/Mondoblog, à toutes les partenaires à divers niveaux, à toutes les internautes. A celles et ceux qui n’ont qu’une idée vague des enjeux et de la portée de cet Evénement planétaire, une brève incursion dans l’histoire s’impose, pour remettre les pendules à l’heure.

La journée de la femme est célébrée le 8 mars de chaque année, d’abord dans de nombreux pays occidentaux. C’est une  célébration qui puise ses origines dans les manifestations féministes du début du 20ème siècle. Certains l’attribuent à la 2ème conférence des femmes socialistes, occasion au cours de laquelle la création d’une Journée internationale des femmes fut proposée. Sans qu’une date spécifique ne soit réellement fixée. Ce n’est qu’à la suite d’une importante grève des ouvrières de Saint Petersburg au cours de la Révolution russe, en 1917, que le 8 mars sera définitivement désigné comme journée dédiée aux femmes, en souvenir de leurs luttes et combats. Et cette date sera définitivement officialisée par les Nations Unies en 1977, puis en 1982 en France.

En dehors du caractère festif  de cette journée, les Mondoblogueuses doivent garder à l’esprit, que la journée internationale de la femme est également une occasion par excellence, pour faire le point sur la condition des femmes, l’égalité du genre, mais aussi et surtout pour regarder au-delà de nos frontières respectives et approfondir la réflexion sur les avancées de leurs diverses luttes.

Bonne fête à toutes et à bientôt,

 


L’apport des migrants africains à leur pays d’origine

L’assistance financière des migrants africains à leur pays d’origine à travers les transferts d’argent à destination de la famille, des amis et des partenaires a connu une augmentation considérable, ces derniers temps. Et pour cause.

« Sur la période 2004-2008, les transferts de fonds des migrants béninois se chiffrent à plus de 100 milliards de francs Cfa par an». Ce constat révélateur est de Carmela Godeau, directrice régionale de l’Organisation internationale pour les migrations (Oim), le 30 octobre 2012. En effet, ces dernières années, les Béninois, comme beaucoup d’Africains expatriés, ont contribué à la floraison des agences de transfert d’argent, tant la demande de ce service est grande.

En 2012, 30 millions d’émigrés africains ont envoyé pratiquement 60 milliards de dollars, soit environ 27 mille milliards de francs Cfa, à 120 millions de bénéficiaires, soit un dixième de la population du continent. L’experte déplore cependant que la quasi-totalité de ces fonds servent aux besoins primaires et sociaux des familles.

C’est le cas de Justin, qui reçoit régulièrement des sous de sa tante partie en France il y a dix ans : « c’est elle qui s’occupe de moi. Les parents n’ont pas assez de moyens. Alors tous les mois, elle nous fait un transfert. C’est dans cet argent que je prends une part pour mes études, et mes parents gèrent le reste pour les factures d’eau et d’électricité, la ration alimentaire. Leurs revenus seuls ne leur permettant pas de tout assumer à la maison. »

Comme Justin, ce sont des millions d’Africains qui bénéficient des largesses matérialisées par les transferts d’argent de leurs proches et autres connaissances vivant à l’étranger. Même si certains de ces transferts sont le fruit d’escroqueries par Internet ou autres moyens illicites, la majorité est destinée à aider la famille restée au pays ou dans une moindre mesure les amis.

Au Bénin, la croissance récente du nombre d’agences de transfert d’argent, en partenariat avec des banques, est une preuve de l’ampleur du phénomène. Western Union, Money gram et Express Union sont les principaux acteurs de ce domaine, auxquels on ajoute la poste et les coopératives d’épargne, très actives dans les sous régions africaines, notamment dans les zones enclavées.

Que ce soit pour envoyer ou recevoir de l’argent, les coûts varient selon la destination et selon l’opérateur. Pour résumer, ils se chiffrent généralement de 1500F Cfa à pour des petites sommes à l’intérieur du pays à des dizaines de milliers de francs pour des grosses sommes à destination d’autres  pays.

Des frais qui devraient bientôt être revus à la baisse d’ici à 2014, selon les conclusions du sommet du G20 à Cannes en France en octobre dernier : « Ramener le coût des transferts à 5% du montant transféré par rapport au niveau moyen actuel de 12,4% restituerait 4 milliards de dollars aux migrants africains et à leurs familles », constate les observateurs experts de la question. C’est le cas de l’Observatoire international des transferts de fonds des migrants des pays les moins avancés (Oitfm-Pma), dont le Béninois Eric Adja est le directeur général. Pour lui, l’attachement des expatriés à leur pays d’origine est le gage d’une pérennisation du phénomène de transfert d’argent. Car rappelons-le, outre l’aide à la famille et les autres raisons citées ci-dessus, les transferts servent aussi à investir localement : maisons, entreprises, etc. Ce qui amène le gouvernement béninois à se pencher sur la question pour envisager des possibilités d’une meilleure orientation de ces ressources.

La progression des transferts d’argent au Bénin est palpable. Des chiffres du ministère du Développement révèlent que l’envoi de fonds à destination de ce pays est passé de la vingtaine de millions de dollars US en 1975 à 35 millions en 1985, puis à 100 millions de dollars en 1995, environ 160 millions en 2005 et 200 millions de dollars en 2007, soit environ 100 milliards FCfa. Et pour les dernières années, les statistiques de la Banque mondiale parlent de 207 025 261 dollars reçus au Bénin via les transferts d’argent en 2008, 125 950 289 dollars reçus en 2009 (petite régression), 139 433 079 dollars en 2010, 184 595 683 dollars en 2011, soit environ 83 068 057 350 FCfa. On constate donc une augmentation sur la période 1975-2007, tandis qu’il y a eu un ralentissement au cours des cinq dernières années. Toujours est-il que les agences de transfert d’argent multiplient au Bénin et rivalisent dans la baisse des coûts de leurs prestations.

Quelques statistiques à titre d’éclairage

LAfrique subsaharienne est la destination la plus coûteuse du monde en matière de transfert d’argent : les frais moyens de transfert depuis l’étranger ont atteint 12,4 % en 2012. Le coût moyen des envois vers l’ensemble de l’Afrique avoisine 12 %, un taux supérieur à la moyenne mondiale (8,96 %) et près de deux fois plus élevé que le coût des transferts de fonds vers l’Asie du Sud, qui bénéficie des tarifs les plus faibles au monde (6,54 %).

C’est en Afrique du Sud, en Tanzanie et au Ghana qu’ils sont les moins avantageux : ils se montent respectivement à 20,7 %, 19,7 % et 19 % en moyenne, en raison de divers facteurs, dont la faible concurrence qui prévaut sur le marché des transferts de fonds internationaux.

Selon les dernières estimations de la Banque mondiale (décembre 2011), les transferts de fonds des migrants vers les pays en développement représenteraient 351 milliards de dollars en 2011, en hausse de 11% par rapport à 2009.

En dépit de la conjoncture économique mondiale, la Banque mondiale prévoit par ailleurs une poursuite de la croissance des transferts, qui devraient atteindre 515 milliards de dollars en 2014, dont 441 milliards vers les pays en développement.

Selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (Ocde), les sommes transférées sont essentiellement consacrés aux dépenses d’éducation, de santé, de consommation courante. Les transferts d’argent des migrants jouent un rôle essentiel dans la réduction de la pauvreté et sont un enjeu majeur du financement du développement, aux côtés de l’aide publique au développement mondiale (plus de 133,5 milliards de dollars en 2011.

La Banque mondiale estime à 25,9 milliards de dollars US le montant des transferts reçus par les pays les moins avancés (Pma, 48 pays, dont le Bénin fait partie) en 2010.

Les flux de fonds devraient atteindre, pour l’année calendaire en cours, 351 milliards de dollars vers les pays en développement et 406 milliards de dollars pour l’ensemble du monde, pays à revenus élevés compris, selon un rapport récemment actualisé de la Banque mondiale sur les migrations et les envois de fonds dans le monde. D’après les estimations pour l’année 2011, les principaux bénéficiaires des transferts de fonds officiellement enregistrés sont l’Inde (58 milliards de dollars), la Chine (57 milliards de dollars), le Mexique (24 milliards de dollars) et les Philippines (23 milliards de dollars).

Le Togo est devenu en quelques années le troisième pays de la zone Uemoa par l’importance des transferts de fond de ses migrants, après le Sénégal et le Mali, et devant le Bénin et la Côte d’ivoire.

 


Un marché de nuit dans l’informel

Le marché de Gbodjo abrite une diversité de vendeuses spécialisées dans le petit commerce. Ce qui facilite la tâche aux noctambules et autres amoureux des emplettes du soir.

Il est 16 h 34 minutes à Gbodjo, un quartier de l’arrondissement d’Abomey-Calavi , situé au bord de la voie inter-état Godomey – Allada à dix kilomètres environ de l’échangeur. Déjà des vendeuses s’activent à installer leurs étalages avec diverses marchandises. Pendant que d’autres débarquent avec des cartons sur la tête pour procéder au même exercice. Certains étalages bien achalandés offrent déjà à la clientèle divers condiments et épices, exposés au soleil en attendant la tombée de la nuit. Les vendeuses de poisson arrivent de plus en plus. A 17h30, des étalages de poisson encombrent l’entrée principale du marché. A la joie des bonnes dames venues se ravitailler en poisson frais. Les plus nanties se ruent les premières sur les étalages pour faire le tri afin d’obtenir des poissons de bonne taille pour le repas du soir. Les coûts varient d’une vendeuse à l’autre, selon la grosseur et la quantité. Bien que certaines trouvent les poissons un peu chers, cela ne les empêche pas d’en acheter pour la bonne marmite du soir. Pour Francine, « il y a un peu de tout dans ce marché. La seule chose est que les poissons coûtent plus chers ici, mais je suis obligée d’en prendre puisque j’en ai besoin ».  Quelques heures plus tard, à vingt-deux heures une les vendeuses commencent par ranger leurs étalages. L’affluence diminue. L’éclairage des lampions baisse. Tour à tour, les vendeuses prennent le chemin de leur maison quitte à revenir le lendemain liquider le reste de leurs marchandises.

Un marché de bouffe

A en croire dame Ahmdath, « le marché commence à partir de 14 h. On y trouve du poisson frais d’excellente qualité, des fruits et légumes, des épices, en tout cas tout ce qu’il faut pour faire de la cuisine. Ce marché existe il y dix sept ans déjà ». Un marché informel ancré dans les habitudes des riverains qui en ont fait leur source d’approvisionnements. L’absence d’infrastructures en matériaux définitifs à l’intérieur du marché en dit long sur le manque de volonté politique des autorités locales, pour conférer à ce centre, tous ses attributs. Ainsi, l’exposition aux aléas climatiques de l’après-midi jusqu’à la tombée de la nuit est révélatrice de la souffrance des bonnes dames qui tirent leur sources de revenus dudit marché. « Les autorités sont conscientes de l’existence de ce marché pourtant nous avons des difficultés », déplore dame Ahmdath. La diversité de la clientèle de ce marché fait que les vendeuses trouvent leur compte en dépit son statut informel. L’idée de sa formalisation se précise de plus en plus.  « C’est ici que plusieurs personnes viennent faire les emplettes à la fin de la journée. L’endroit n’est pas définitif, nous l’occupons à défaut du mieux. Depuis que le marché existe nous faisons notre possible pour rencontrer les autorités, mais les problèmes persistent. Le manque de hangar et l’exiguïté de l’emplacement constituent les difficultés de l’heure que nous subissons » confie une vendeuse au cœur meurtrie. L’ouverture d’esprit du maire donne un peu plus d’espoir à cette couche de la population désireuse de faire du marché, un patrimoine de la commune. « Nous avons discuté plusieurs fois avec le Maire qui a promis faire quelque chose. Mais il nous demande un peu plus de patience », ajoute une vendeuse de condiments. Pour maman Dosso, « je suis ici, il y a longtemps et je vends les condiments. Ce marché est un marché ancien et plusieurs personnes viennent y faire leurs emplettes. On y trouve un peu de tout pour le garde à manger. Nous  avons des difficultés pour la construction des abris, certes. Nous sommes exposées au soleil et à la pluie. Mais nous ne désespérons pas que les autorités locales nous aident à mieux installer, un jour ».Surtout que nous avons mis en place un syndicat pour la défense de nos intérêts. La naissance du syndicalisme est la base des démarches avec les autorités locales. La mise à disposition des agents collecteurs des impôts et taxes donne un sens au marché. « Avec la création de notre syndicat,  les rencontres avec le maire se multiplient dans l’optique de trouver des solutions adéquates à nos problèmes. C’est au vue de cela que nous avons bénéficié de la présence des collecteurs de taxes. Ils ont commencé le travail, il y a deux mois environ. Par jour ils sont à plus de quatre mille francs  Cfa, environ 8 euros».

Une installation à polémique

marché de nuit
Une vendeuse devant son étalage
Marché de nuit
Marché de nuit de Gbodjo à Abomey-Calavi

Le marché de nuit de Gbodjo que d’aucuns qualifient ‘’d’un regroupement de femmes faisant leur commerce au bord d’une route principale’’, est loin de faire l’unanimité au sein de l’arrondissement de Calavi. Pour ceux et celles qui y trouvent les revenus pour la  subsistance de leurs familles, la mairie devrait régulariser cette occupation anarchique du domaine public. Tandis que d’autres espèrent qu’il s’agit d’une violation des lois de la république qu’il faudra sanctionner. A en croire l’un des tenants de cette thèse, « il ne s’agit pas d’un marché mais d’une installation anarchique puisque dans un marché, il faut des hangars. Cette situation n’honore guère les riverains ». Pour ce dernier, le marché de Gbodjo est localisé dans un bas fond et les femmes ne pouvant s’installer sur ce lieu insalubre et impropre à l’occupation, se sont refugiées à cet endroit au vu et au su de tous. Selon Razak Kaffo, le responsable du marché, « les femmes trouvent beaucoup plus de clientèle à cet endroit à cause de son accessibilité. Alors que si elles étaient restées au niveau du bas fond, difficile d’accès et insalubre, elles verraient de rares acheteurs ».

« Le marché de nuit de Gbodjo existe il y a dix sept ans déjà. Entre temps les vendeuses ont été transférées dans le bas fond successivement à trois reprises et cela n’a pas marché. C’est parce que, « rien ne marche dans le bas-fond que les gens se sont refugiées ici et à chaque fois qu’elles s’installent en ce lieu, l’affluence est remarquée ». Le marché de Gbodjo s’anime dans la soirée et c’est ce qui fait sa spécificité. « C’est le marché même qui se crée », lance le responsable du marché. Pour celui-ci, « il y a des marchés à Calavi qui ne s’animent pas parce que l’emplacement choisi n’est pas adéquat. Il faut donc revoir la stratégie de mise en place des marchés locaux ». Conscient de l’exiguïté du lieu les riverains ne pensent pas accepter d’autres vendeuses pour ne pas encombrer la voie et le trottoir. « Les femmes viennent demander des places mais compte tenu du caractère restreint et du manque d’emplacement, elles ne peuvent être installées. Nous avons souhaité que le maire achète une parcelle au bord de la route pour nous installer. Ce qui nous  permettrait de garder leur clientèle », se lamente Razak.  Qui déplore « la cherté des parcelles à Calavi et surtout aux abords de l’axe de la route inter-état ». Ce qui ne facilite pas la tache aux autorités communales dans leur volonté manifeste de trouver une solution aux problèmes des femmes du marché de Gbodjo.