Regards croisés sur la bourse des étudiants de l’Université d’Abomey-Calavi au Bénin

Article : Regards croisés sur la bourse des étudiants de l’Université d’Abomey-Calavi au Bénin
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9 février 2013

Regards croisés sur la bourse des étudiants de l’Université d’Abomey-Calavi au Bénin

Pour surmonter les difficultés liées à leur formation, les étudiants de l’Université d’Abomey-Calavi (Uac) perçoivent divers types d’allocations financières variant entre 29.000  et 33.000 francs Cfa mensuellement (entre 48 et 60 euros environ)

Dans les années 86, pendant que j’effectuais mes études supérieures à l’Université nationale du Bénin (Unb) d’alors, le montant de la bourse était de 22.500 francs(environ 40 euros) par mois en faculté et 30.000 francs (environ 49 euros) dans les écoles Selon Pierre Adéchi, chef du service des bourses et secours universitaires, « la bourse est un accompagnement pour permettre aux étudiants de faire face àet instituts de formations professionnelles. A l’époque, les élèves professeurs étaient considérés comme des privilégiés parce qu’ils percevaient au second cycle, une bourse mensuelle .de 39.000 francs (environ 65 euros). Vingt cinq ans après, la situation n’a pas pour autant changé, en dépit d’une légère augmentation des allocations. Et pour cause.

Autrefois, jusqu’à une époque donnée, la bourse se payait aux étudiants mensuellement. Tel n’est pas le cas aujourd’hui où cette allocation financière est en passe de devenir une économie forcée pour l’étudiant, mieux, une tontine. A cause des arriérés dus au retard qui avoisine parfois quatre, cinq mois. Pour le chef du service, des bourses et secours universitaires, « l’idéal aurait été de payer la bourse mensuellement. Mais au regard du circuit des dossiers, des formalités à effectuer, cela ne saurait être possible. D’où l’objectif de départ n’est pas atteint. » A l’en croire la chaîne que constitue la direction des bourses, les universités, la Commission nationale des bourses, le Centre des œuvres universitaires et sociales (Cous) ne fonctionne pas de façon harmonieuse. Ce qui engendre des retards. « Tout commence par les résultats académiques. Une fois que les résultats sont donnés à temps, on se met au travail parce que les critères d’attribution des bourses sont des critères de moyenne et d’âge », confie-t-il.

Comment les étudiants gèrent-t-il leurs allocations ?

« Moi j’ai pris ma bourse pour m’acheter une moto puisque je dois quitter  Akpakpa pour le campus tous les jours. Parfois même je rate les bus », confie Didier, étudiant en géographie. Dans la plupart des cas, la gestion des allocations permet aux étudiants de faire face aux difficultés quotidiennes de leur formation.  Pour Juste Fadonougbo « j’ai eu le secours en première année mais je ne sais comment je l’ai géré. Avec le recul, je pense que tout est allé dans la documentation. En deuxième année, j’ai  tout fait pour avoir la bourse, ce qui m’a permis d’acheter un ordinateur portatif pour mes travaux de recherches ». Certains étudiants gèrent autrement leurs allocations. C’est le cas de Francis qui a pris sa bourse pour payer son loyer. « J’ai ouvert un compte sur lequel j’ai versé ma bourse. Ce qui m’a permis de louer une chambre aux environ du campus. J’ai payé un an de loyer au propriétaire pour ne pas avoir de problème par la suite. Je pense procéder ainsi jusqu’à  la fin de mes études. J’espère que je trouverai un job par la suite ». Henri Houénou quant à lui estime que la bourse est nécessaire pour l’étudiant surtout ceux qui sont loin de leurs parents. Néanmoins celui-ci n’a pas eu l’occasion d’en avoir puisque son âge avancé ne le lui permettait pas.  « J’ai eu mon baccalauréat à vingt sept ans, ce qui ne m’a pas permis de bénéficier d’une bourse,  bien que je réunisse chaque fois plus de douze de moyenne », déplore-t-il. En ajoutant néanmoins que sa seule chance consiste à bénéficier de temps à autre de l’aide précieuse de ses parents. « Heureusement pour moi, j’ai mes parents qui m’apportent leur soutien ». Sur le campus, il n’est pas rare de rencontrer des étudiants qui se sont servis de leurs allocations à d’autres fins. Comme par exemple payer la dot de leur épouse, se marier….

D’après le Dr Afanuh, « les étudiants prennent leurs bourses pour aller payer la dot à leur femme ». Jean-Marc témoin de deux cas affirme « je connais deux amis qui ont économisé deux années de leur bourse pour payer la dot à leur femme puisqu’ils ont peur de la perdre à la fin de leurs études par manque de moyens ». C’est des cas fréquents à l’université, soutien Raoul. « Pour certains, ce sont les seuls revenus dont ils disposent, alors qu’ils doivent se marier. Ils sont obligés de le faire bien que la bourse ne suffise pas dans la plupart des cas selon la liste de la dot dans certaines familles ».

Système de bancarisation des allocations

Les choses se normalisent et il y a un peu d’accalmie, dira Pierre Adéchi. La preuve, « c’est que depuis plus de trois ans, la première liste des bénéficiaires sort courant janvier ». Et la bancarisation, ajoute-t-il, permet à l’étudiant de ne plus faire la queue avant de percevoir ses allocations. Il suffit d’avoir sa carte bancaire et il passe au guichet électronique pour tirer l’argent de son compte ». Ce système ne permet pas à l’étudiant de recevoir intégralement sa bourse en une seule tranche, compte tenu du retard accusé par l’affichage des listes. « Du moment où la liste n’est pas venue à temps, il faut faire le rappel des arriérés ; ce qui fait qu’on paie trois mois, quatre et parfois les douze mois », ajoute le chef du service des bourses et secours universitaires. A charge au récipiendaire d’en faire bon usage.

 

 

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