Serge Babylas de Souza

CULTURE/BENIN/  »Les Soleils ne sont pas morts », une invite à l’espoir pour l’homme en proie à l’angoisse et au désespoir

Face à la presse à la faveur d’un déjeuner dans un restaurant à Cotonou, Innocent Sossavi, écrivain béninois atypique parle brillamment de son livre « Les Soleils ne sont pas morts », comme une rengaine passionnante pour illustrer la «poésie sossavienne », devant les journalistes très heureux d’être les illustres hôtes de leur confrère.

L'auteur présentant son ouvrage à la presse
L’auteur présentant son ouvrage à la presse

« Paru en le 15 février 2012 aux Editions françaises Mon Petit Éditeur, ″ Les Soleils ne sont pas morts″ signale cette poésie à l’avantage de l’homme, et non à son encontre. L’homme en proie à l’angoisse et au désespoir. Cet homme pour qui  ″Les Soleils ne sont pas morts″ est une invite à l’espoir à travers ses quarante trois poèmes répartis en quatre cahiers que sont ″ Corridas ″, ″ Fanaisons ″, ″ Ces mamelles où je dors ″ et ″ Les Soleils ne sont pas morts ″ de qui l’œuvre tient son intitulé. »

Éclairant la lanterne des hommes de la presse sur le sens et l’essence de la « poésie sossavienne », il en souligne les contours à travers une définition qui laisse penser à un nouveau courant littéraire. « Comme définition à donner de ma poésie, affirme-t-il, je suis tenté d’affirmer que la poésie sossavienne est la poésie de l’auteur que je suis, épanchée aux vers libres, au décor pathétique. Émotion oblige. Puisque on ne saurait parler de la poésie sossavienne indépendamment de l’émotion à flots qui la fonde. Car, dans le fond, la poésie sossavienne est fille de l’affect foisonnant, l’émotion en démesure pour la liberté. Mais la poésie, chez moi, ne se limite pas seulement au genre poétique ;  elle est une démarche littéraire imprégnée d’émotion à flots pour la liberté. Le genre poétique l’étaie, tout comme le roman, l’essai, le théâtre, la nouvelle, l’épistolaire et le discours. Non figée, par essence, cette poésie s’illustre par la fluidité du délire, le refus de la fixité que signale le refus de la rime et des contraintes métriques, la pluralité contre l’unité, la variabilité tous azimuts. En tout, la poésie sossavienne est iconoclaste dans son affirmation et son désir de liberté. Parce que l’espoir est au centre de ma poésie, le titre ″ Les Soleils ne sont pas morts ″ est ma manière de signifier que l’espoir n’est pas perdu pour l’homme en proie à l’angoisse et au désespoir ».

Il  précise que sa poésie est l’objet d’une lettre adressée à son amie Kéleth Kalézie, une éditrice française qu’il a connue en Suisse en 2004. « Le sens et l’essence de ma poésie sont évoqués dans une longue lettre en date du 25 mars 2006, intitulée ″Lettre à Kéleth Kalézie″ à paraître en 2014. L’option du genre épistolaire répond à mon souci de mieux imprégner le lectorat pour une appréhension aisée de la poésie sossavienne ».

Il rend par ailleurs hommage à Jérôme Carlos pour la préface à son œuvre : « il me paraît impérieux de remercier Jérôme Carlos pour sa préface dont le titre ″ couleur et odeur d’éternité pour une résurrection ″ résume le sens et l’essence de la poésie sossavienne. De tout mon cœur, je lui rends hommage pour son soutien à ma carrière littéraire que lance ″ Les Soleils ne sont pas morts ″ »

 L’écrivain béninois Innocent Sossavi annonce des conférences aux quatre coins du monde pour mieux imprégner l’opinion du sens et de l’essence de la poésie sossavienne. Ce qui répond à l’objectif de ce déjeuner de presse qu’il a donné pour marquer la 21ème journée internationale de l’écrivain africain.

L’auteur

L'écrivain béninois Innocent Sossavi
L’écrivain béninois Innocent Sossavi

Innocent Sossavi est né le 25 mars 1965 à Cotonou d’un père agent de constatations des douanes et d’une mère couturière. Son enfance est marquée par des situations absurdes qui lui inspireront l’indignation et la révolte, tout comme le dégoût de la vie.

Après des études de droit et de philosophie, il embrasse le journalisme que son passage au Centre d’Études des Sciences et Techniques de l’Information de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar au Sénégal, et au Centre de Formation et de Perfectionnement des Journalistes (Cfpj) de Paris en France, aguerrit en expériences, outre ses collaborations à la presse béninoise et étrangère.

Féru de lettres, il fait une entrée triomphale en littérature par la  poésie en signant Les Soleils ne sont pas morts paru pour la première fois en 2012 aux Éditions Mon Petit Éditeur, et qui consacre sa volonté de revitaliser la poésie qui, à ses dires, se meurt. Les Soleils ne sont pas morts témoigne du talent lié aux éclats de l’écriture, prémices d’un sacre en perspective.

Innocent Sossavi et Kéleth Kalézie firent connaissance en août 2004 à Genève en Suisse. Tandis que Kéleth Kalézie dirige une maison d’édition en France métropolitaine, Innocent Sossavi est auteur béninois de langue française. Son œuvre de prémices  » Les Soleils ne sont pas morts » achevée, il écrivait à Kéleth Kalézie pour l’en informer et l’avertir d’un éventuel désir de sa diffusion. Mais l’ouvrage ne paraîtra plus chez Kalézie, les modalités de cette dernière n’ayant plus agréé Innocent Sossavi qui s’est finalement replié sur les Éditions Mon Petit Éditeur en France.

Versé dans l’humanisme, Innocent Sossavi partage sa vie entre le droit et les sciences politiques, parallèlement à ses activités littéraires.


Des journalistes de la liberté sacrifiés sur l’autel de la lucidité

Je me permettrai de paraphraser Victor Hugo : ceux qui sont morts pour leur profession ont droit qu’à leur cercueil, la foule vienne et prie. Entre les plus beaux noms, leur nom est le plus beau…

Oui, Gislaine et Claude sont morts pour leur métier ; ils sont morts pour les valeurs du journalisme ; ils sont morts aussi, et ce n’est pas négligeable, pour leur passion pour l’Afrique.

Fauchés par l’obscurantisme des forces imbéciles qui donnent encore du crédit à la violence et à la haine comme autant de solutions possibles. FRANCE-MALI-KIDNAPPING-MEDIA-COMBOJe m’incline devant leur mémoire comme l’ont fait avant moi beaucoup d’internautes, beaucoup d’auditeurs et beaucoup d’Africains.

Je veux dire à ceux qui les ont aimés, à leurs parents, à leurs amis, qu’ils ne sont pas morts pour rien ; leur disparition tragique ouvre davantage les yeux du monde sur les plaies de notre temps. « Il faut que notre sang s’allume, dit Kheteb Yacine ; que nous prenions feu, que les yeux du monde s’ouvre non pas sur nos dépouilles, mais sur les plaies des survivants… Car, des survivants, il en reste au Nord Mali ; les survivants de l’intolérance, les survivants de la peur, les survivants du sang et du silence.

Paix à ton âme, Ghislaine !

Paix à ton âme, Claude !

Qu’il me soit cependant permis de dire ici que ce qui est arrivé est la résultante d’une faute du gouvernement français ; on ne s’explique pas qu’aux premières heures de la libération  du nord Mali, l’opération Serval ait en quelque sorte concédé aux Touaregs du MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad) que l’armée malienne ne puisse pas pénétrer à Kidal. Sans l’écrire de façon formelle, la France a permis au MNLA et à toutes les forces satellitaires de cette entité absconse d’établir leur ordre à Kidal en comptant sur la mise à l’écart de l’armée malienne, sur la réduction au silence et en inaction de la MINUSMA (les forces de l’Onu) et enfin, absurdité suprême, sur l’éloignement géographique des troupes SERVAL qui au fond, se cantonnaient aux portes de Kidal.

Quel arrangement a pu prévaloir à une telle absurdité ? La conséquence est que les forces qui ont agi samedi sur les journalistes de Radio France internationale (Rfi) ont compté sur cette géographie de la bêtise pour perpétrer un double crime auquel elles savaient qu’au moins temporairement, elles échapperaient.

Mais qui a tué ? Les jihadjistes  d’AQMI ou du MUJAO (Mouvement pour l’unicité du jihad en Afrique de l’ouest) ? L’absence de revendication jusqu’à ce jour semble infirmer cette hypothèse sans parler du modus operandi qui tient généralement de la prise d’otages à des fins de rançon. Il eût été assez inconséquent que d’une main on libère et que de l’autre on tue, sachant la possibilité ouverte depuis, de prendre des otages et de se faire payer une rançon.

Des rebelles du MNLA hostiles à l’état malien et opposé aux accords de paix ? Tout à fait possible, et cela me paraît l’une des pistes les plus plausibles.

Mais l’hypothèse que des factions Touaregs favorables aux accords de paix et ne comprenant pas le statut particulier accordé à Kidal est tout à fait envisageable. Elles auraient alors commis ce crime pour contraindre la France à changer de posture et à amorcer un virage radical dans l’approche de la problématique Kidal. Approche qui jusqu’ici a été menée dans l’ignorance de la mentalité Touareg et des problématiques diverses qui s’y déployaient depuis plus de quarante ans.

Demain, Kidal ne sera plus ce qu’il est. Constat terrible qui aura nécessité le sang de Ghislaine et de Claude… Des journalistes de la liberté sacrifiés sur l’autel de la lucidité…


Les blogueurs, nouveaux hérauts de la liberté d’expression

Les blogs passionnent, interpellent, dérangent, inquiètent. Certains les méprisent, pendant que d’autres les adulent, les considérant à tort où à raison comme émanant de prophètes d’une nouvelle révolution : celle de l’information. Une chose est sûre, les blogs ne laissent plus indifférent. Loin s’en faut ! Mais entre diabolisation et adoration, que penser de ce phénomène qui transforme le paysage médiatique de pays aussi différents que les Etats-Unis, la Chine ou l’Iran ou beaucoup plus modestement le Bénin…

(Crédit photo: RFI/Mondoblog)
Les Mondoblogueurs (Crédit photo:RFI/MONDOBLOG)

Nous ne disposons pas encore de tous les éléments pour résoudre définitivement cette équation. Tant il est vrai, que nous sommes lecteurs de presse, auditeurs et téléspectateurs depuis des décennies. Sans en être conscients pour autant. A preuve nous disposons de grilles de lecture nous permettant de faire la part des choses, de différencier, à la première vue, à la première lecture, à la première écoute, un commentaire d’une information, un journal «people» d’un magazine sérieux, un programme de divertissement d’un documentaire…Sans pour autant être des professionnels chevronnés, des spécialiste de l’information, de la communication. Seulement voilà, en matière de blog nous sommes désarmés. Ne disposant pas des mêmes facilités, n’ayant véritablement pas des outils adéquats pour une analyse, un décryptage digne de ce nom. Sommes-nous désorientés par la nouveauté du phénomène, l’avènement des blogs ne datant pas de si longtemps? C’est de l’ordre des possibles. Mais il n’en demeure pas moins que cette approche soit très réductrice quand on sait que tous, ces «blocs-notes en ligne » sont encore plus hétéroclites que la presse conventionnelle qui nous paraît si familière pourtant.

Dans ces conditions, difficile donc pour l’internaute lambda de faire le tri entre les publications d’information, les tribunes personnelles, les vraies enquêtes et les témoignages bidon rencontrés sur Internet. Difficile de séparer le bon grain de l’ivraie. Encore que certains blogueurs développent peu à peu leurs propres standards éthiques, pour renforcer leur crédibilité et gagner la confiance de leur lectorat. D’autres, se prenant pour des abstracteurs de quintessence en puissance, ont une logique qu’ils sont les seuls à maîtriser. Ce qui n’arrange pas l’affaire des pauvres internautes face ces « gourous du numérique ».

Crédit photos: archives Baba Mahamat
Blog

 Le blog, outil formidable pour la liberté d’expression

Comparaison n’est pas raison dit-on souvent, les fausses informations, les insultes, les injures et autres calomnies fleuriront toujours sur le Net. Le blog donnant à chacun, quelles que soient sa formation ou ses compétences techniques, la possibilité de devenir éditeur. . . Ce qui est extraordinaire au regard de l’ordre établi par les médias conventionnels. Mais le hic, c’est que cette liberté ne va pas sans risques et les blogs sans intérêt, voire nauséabonds, vont se développer au même rythme que les publications de qualité. Hélas !

Toutefois, reconnaissons que les blogs constituent un formidable outil pour la liberté d’expression. Ils ont délié les langues des citoyens ordinaires. Ceux qui jusqu’à présent n’étaient que des consommateurs d’information sont devenus les acteurs d’une nouvelle forme de journalisme, un journalisme « à la racine » selon les termes de Dan Gillmor (Grassroots journalism), c’est-à-dire fait « par le peuple et pour le peuple».

Certes, certaines communautés, certaines plateformes à l’instar de RFI/Mondoblog offrent des conseils, des outils et des astuces techniques à travers des tutoriels pour lancer et animer dans de bonnes conditions son blog à ses membres. Ce qui oblige à une certaine qualité au niveau de la plateforme et crée la saine émulation. A toutes fins utiles, Mondoblog est une plateforme qui regroupe des blogueurs francophones sélectionnés par un concours initié par l’Atelier des Médias, la web émission participative de Radio France Internationale (Rfi). A ce jour Mondoàblog compte 350 blogueurs et «combine un média avec un projet de formation international pour favoriser l’émergence d’une blogosphère internationale et dynamique. L’enjeu étant de contribuer au développement d’un contenu francophone de qualité sur Internet », comme c’est précisé sur la charte des blogueurs de cet espace convivial et professionnel. Pour émerger du lot, le blogueur, doit faire preuve d’originalité et de créativité, pour border souvent dans ses billets des angles ou des informations délaissées par les médias conventionnels.

Dans certains pays, la principale préoccupation des blogueurs est de rester en liberté. Pendant que dans d’autres, ils cherchent à asseoir leur crédibilité et à s’imposer comme une source fiable d’information. Encore que tous ne sont pas logés à la même enseigne et moins encore confrontés aux mêmes difficultés, même si à leur façon, ils sont aujourd’hui en première ligne du combat pour la liberté d’expression.

mondoblog dakar 2013

Mondoblog une expérience qui force l’admiration

Les blogueurs de la plateforme Mondoblog de l’Atelier des médias de Radio France Internationale (Rfi) gagneraient à se fixer de nouveaux objectifs, de nouveaux défis pour viabiliser et pérenniser une expérience qui édifie et se bonifie à chaque saison tel un bon vin. En réfléchissant par exemple sur les conditions de bloguer dans nos contrées déshéritées du Sud en dehors des avatars d’une connexion Internet, il faut intégrer la donne du blogueur manquant parfois du « minimum social commun » comme on le dit chez moi au Bénin pour recharger sa clé de connexion ou se rendre dans un cybercafé pour négocier quelques heures de connexion à crédit avec force sourire afin de pouvoir mettre son billet en ligne. Cela interpelle et nous devons réfléchir à des innovations majeures, à des valeurs ajoutées pour faciliter la tâche aux amoureux et passionnés de ces nouveaux médias. Car,en Afrique, bloguer ne nourrit pas encore son homme. Et il va falloir faire preuve de beaucoup d’ingéniosité et de ruse pour exister en tant que blogueur dans nos pays démunis. Et pourquoi pas, prospérer.

 


Le Bénin peut-il reconquérir sa place d’antan au niveau du palmier à huile ?

Par le passé, le Bénin, à travers la filière palmier à huile, avait pour vision de produire suffisamment de matières premières pour les usines créées dans les blocs agro-industriels pour se maintenir dans le cercle fermé des producteurs d’huile de palme. A l’époque, il était question surtout d’assurer une croissance économique.  Mais hélas, la donne a changé…

(Crédit image google)
Un palmier à huile portant un régime de noix de palme mûr

Hisser, à partir de l’agriculture, l’économie béninoise au rang des économies prospères. Telle était la logique à laquelle répondaient les efforts de financement et de modernisation du secteur agricole dans l’ex-Dahomey l’actuelle république du Bénin, dès les années 1960, selon Barnabé Hounkanrin, auditeur et doctorant en géographie à l’Université d’Abomey-Calavi (Uac), « à l’époque, cette logique s’appuyait sur la coopérative agricole, modèle jugé le plus apte pour mener le pays au développement socio-économique. C’est ainsi qu’ont été créées, par l’Etat, les Coopératives d’aménagement rural (Car), autour du palmier à huile dans plusieurs localités du sud-Bénin telles que Houin-Agamè, Grand Agonvy, Hinvi… Le palmier à huile était à la base de la première filière d’exportation du pays. En s’appuyant sur cet arbre, l’Etat avait fait des coopératives, son outil de développement économique pendant plusieurs décennies, sans réussir à atteindre les objectifs de départ ». Les résultats obtenus par ces coopératives sous le contrôle de l’Etat sont en deçà des attentes. Les quantités de régimes de palme récoltées n’ont jamais permis aux usines de tourner à plein régime ni aux coopératives de prospérer. L’autonomie de gestion, obtenue en janvier 1998, n’a pas amélioré pour autant la situation financière et sociale de ces coopératives. Bien au contraire, la mauvaise gestion et les conflits entre coopérateurs ont «tué» la filière qui a du mal à retrouver ses lettres de noblesse.

(Crédit image: Wikipédia)
Des noix de palme mûrs

Histoire d’une intervention inachevée

A l’indépendance, les Etats africains francophones ont manifesté le souci de se créer des instruments modernes de développement économique. Au Bénin, le secteur rural et principalement le palmier à huile a été celui qui bénéficia le plus des attentions de l’Etat. Les dérivés du palmier à huile contribuaient à plus de 70% aux recettes commerciales du pays. C’est  donc dans le but d’en faire une culture économiquement rentable pour le pays que le sous-secteur du palmier à huile, déjà organisée en filière sous la colonisation, a connu de grands investissements, avec la création des coopératives d’aménagement rural. La politique de développement agricole par les coopératives agricoles a amené à la création d’un ministère de l’agriculture chargé, par arrêtés, de mettre à exécution les différentes décisions prises par le gouvernement dans le secteur agricole. Mais la pertinence d’une telle politique de développement tarde à s’imposer. Les années de fonctionnement des coopératives agricoles sous le contrôle de l’Etat n’ont pas empêché la croissance du niveau de pauvreté monétaire des communautés rurales agricoles et la détérioration de leurs conditions sociales. Dans sa marche vers la rentabilité économique et sociale, le milieu rural béninois a connu des transformations structurelles et socio-économiques qui ont largement modifié les rapports de production, faisant du Sud-Bénin une zone économiquement tournée vers l’extérieur. La production, presque stable de 1960 à 1966 autour de 100 000 tonnes de régimes de palme, croît de façon spectaculaire entre 1966 et 1968 avant d’amorcer de 1970 à 1972 une descente en escalier jusqu’en 1973 où on observe une nouvelle remontée de la production. La filière du palmier à huile entama sa descente aux enfers avec les contre-performances de la Société nationale des industries de corps gras (Sonicog). Le déficit en matières premières était donc énorme quant à l’approvisionnement des huileries de Houin-Agamé, Hinvi et Grand Agonvy. De 31 957 tonnes en 1970, la production commercialisée de l’huile de palme n’était que de 15000 tonnes en 1980. Les coopératives d’aménagement rural étaient dans l’impasse économique et sociale, avec la résurgence de conflits et d’actes d’incivisme. Le Bénin a disparu de la liste des pays exportateurs d’huile de palme la décennie qui a suivi. C’est dans cette situation chaotique que le Bénin, au regard des exigences du Programme d’ajustement structurel(Pas), s’est désengagé en 1997 de la filière palmier à huile, laissant la gestion aux coopératives.

La récolte du vin de palme
Récolte de vin de palme

Les organisations paysannes autour du palmier à huile

Le désengagement de l’Etat a laissé le champ à d’autres acteurs locaux qui ont pris le contrôle des coopératives. Plusieurs organisations paysannes se partagent le secteur du palmier à huile. Mais les plus connues sont celles qui sont issues des coopératives jadis contrôlées par l’Etat. Les coopérateurs, avec l’assistance des partenaires au développement, ont créé les Unions régionales des coopératives d’aménagement rural (Urcar) qui sont des organisations faîtières de premier niveau. Ce désengagement de l’Etat a permis de rénover une partie des palmeraies et a remis en selle la production sur toutes les coopératives. Mais cette réhabilitation s’est effectuée sur des prêts avec intérêts accordés aux coopératives par la Banque mondiale, la Coopération suisse et les Japonais. Le désengagement en 1997 est intervenu sur cette relance de la production certes, mais aussi avec le démembrement de la structure de production : alors que les palmeraies reviennent aux coopérateurs, les unités industrielles sont cédées aux repreneurs privés qui ne partagent pas les mêmes intérêts qu’eux. Les milliers de paysans sont désormais livrés à leur capacité de production, aux textes et aux hommes chargés de les appliquer. S’adapter au nouveau contexte national, s’insérer dans le nouvel ordre mondial qu’impose la globalisation et, en retour, assurer le bien-être social et économique des sociétaires, sont les défis que devraient relever les organes de gestion des Car. Surtout que le retrait de l’Etat a favorisé l’émergence de groupes de pression qui contrôlent l’essentiel des activités des coopératives.

Car, ayant une histoire particulière parce qu’issues des entrailles de l’Etat avec des conflits originels, elles ne veulent accepter en leur sein d’autres membres.  Ces difficultés congénitales sont d’ailleurs doublées de situations socio-économiques complexes. Le secteur du palmier à huile s’est alors enrichi d’autres organisations paysannes, qui sont nées de la multiplication des plantations familiales. En effet, deux ans avant le désengagement de l’Etat, la filière du palmier à huile se trouvait dans une situation critique. Les coopératives accumulaient des arriérés de salaire, les palmeraies étaient envahies par des jachères, les récoltes volées par les sociétaires, une partie du patrimoine foncier vendue illégalement et certains palmiers abattus pour l’extraction du vin de palme. Le premier programme de réhabilitation est venu éviter, en 1995, la détérioration complète de la situation des Car.

Récolte d'un régime mûr sur un palmier à huile
Récolte d’un régime mûr sur un palmier à huile

L’économie du palmier à huile

La gestion de la production des palmeraies et sa commercialisation avaient conduit l’Etat à la création de la Société nationale des huileries du Dahomey (Snahda). Société d’économie mixte, dotée de la personnalité civile et de l’autonomie financière, elle a été créée en décembre 1961 pour la gestion des anciennes huileries. A partir de 1965, elle a assuré la commercialisation des produits du palmier à huile, à l’exception des palmistes non concernés par l’industrialisation. Il faut noter que les produits industriels que l’on tire du palmier sont multiples. Mais de tous les produits tirés du palmier à huile, l’huile de palme est la plus demandée. Le volume d’huile de palme destinée à l’exportation passa de 2 519 tonnes en 1946 à 16 015 tonnes en 1960, soit une augmentation de 486,04%. Le palmier à huile est devenu le pilier d’une économie de traite qui perdure encore. Il a révolutionné le système économique de tout le golfe de Guinée et a marqué de son empreinte les échanges commerciaux entre les souverains de la côte et les premiers comptoirs. Sa production et sa commercialisation ont enrichi des groupes de paysans qui en tirent encore des revenus substantiels. Selon une enquête de l’Institut national de la statistique et de l’analyse économique (Insae) sur la consommation en huile au Bénin, il est noté une consommation nationale progressive passant d’environ 72 960 tonnes en 1992, à 80 200 tonnes en 1995 puis à 110 000 tonnes en 2005. Cette consommation est dominée par l’huile de palme qui représente au moins 44% des huiles alimentaires.

Les perspectives 

Les défis de développement auxquels était confronté le jeune Etat dahoméen étaient nombreux et il fallait des mesures hardies pour impulser, très vite, un développement agricole capable de soutenir durablement l’économie du pays. Les coopératives agricoles répondaient bien à cette ambition de bâtir un pays économiquement sûre et stable. Mais les résultats, trois décennies plus tard, ont été décevants. Il paraît alors évident que la logique d’Etat, au lieu de protéger les paysans et de favoriser leur bien-être à travers les coopératives agricoles, les a plutôt livrés aux contraintes de l’économie de marché, faites d’expropriation des terres et d’exploitation des forces de travail. Ces confits sont exacerbés par la mauvaise gouvernance économique et sociale, surtout après le retrait de l’Etat de la gestion directe des coopératives.

Une issue de sortie peut être un retour momentané à la gestion directe par l’Etat, le temps de mettre tous les acteurs sur le même pied d’égalité et de créer une nouvelle synergie autour des coopératives. Il n’y a peut-être pas de doute que les coopératives sont encore capables d’apporter le développement socio économique dans les zones rurales où elles sont implantées. Il faudra les aider à réorganiser la filière et leur faciliter l’accès aux services financiers pour leur permettre de replanter les milliers d’hectares qui sont présentement laissés à la jachère.

En 2006, à son arrivée au pouvoir le président Boni Yayi avait  déclaré que le palmier à huile ferait l’objet d’une grande attention autant que le coton. Il l’a annoncé au moment où le tout nouveau régime du changement investissait 14 milliards dans la filière coton pour son relèvement. Comme action pour matérialiser cette volonté du président Yayi, l’implication d’un expert malaisien. Cet expert qui aurait une bonne connaissance du palmier à huile. Quelques mois après son arrivée, il est reparti du Bénin sans que la filière ne décolle. A l’époque, on avait appris dans les coulisses que le Malaisien avait affirmé avant son départ que «le sol béninois n’est pas propice à la culture du palmier à huile». Argument à prendre avec des pincettes. Pour cause, dans les années 60, le Bénin était premier pays producteur de palmier à huile dans la sous-région.  Avec le palmier à huile, le rêve est toujours permis.


BENIN / L’économie maritime tourne au ralenti

Au moment où le port de Cotonou, appendice de l’économie maritime béninoise cherche à sortir la tête de l’eau à travers moult actions, le département ministériel chargé de son sauvetage quant à lui, prend abondamment de l’eau, empêtré dans des contradictions à n’en plus finir.

Comme dirait l’autre, plus rien ne va au Ministère béninois de l’économie maritime, des transports maritimes et des infrastructures portuaires. Selon des observateurs avertis, «on n’est plus loin de toucher le fond si des décisions hardies ne sont pas prises à temps ». Surtout que, ce département ministériel, pourtant stratégique dans la politique de relance de l’économie nationale, depuis quelque temps, tourne au ralenti, faute de ressources humaines adéquates.

Le Port de Cotonou
Travaux de bitumage de route au Port de Cotonou au titre des réformes

Déjà cité parmi les ministères les moins lotis, avec un modeste budget annuel d’environ trois milliards de francs Cfa (4.615.385 Euros), il se contente aujourd’hui d’offrir un service minimum. Et il n’est pas exclu que la quasi-totalité des postes de responsabilités soient vacants d’ici à là. Si rien n’est fait pour freiner l’hémorragie.

N’y a-t-il plus de cadres compétents dans ce sous-secteur névralgique de l’économie nationale pour pourvoir aux postes vacants depuis des lustres, serait- on tenté de se demander en toute légitimité. Même si pour l’heure, la question reste sans réponse.

Une chose est sûre, le ministre Valentin Djènontin, devenu titulaire de ce strapontin à la suite d’un jeu de chaises musicales en 2012, avait de réels soucis à se faire, dans le temps. Privé de son directeur de cabinet, Ishola Bio Sawé, emporté dans les eaux troubles de la sulfureuse affaire du port sec de Tori. In fine, il était contraint de s’appuyer sur son directeur adjoint de cabinet, pour donner le change. Seulement voilà, entre les deux hommes, les relations n’étaient toujours pas au beau fixe, à en croire des travailleurs en service dans ledit ministère. Sans oublier que, d’autres cadres en poste dans ce département étaient partis pour diverses raisons sur lesquelles il serait vain d’épiloguer.

L’obligation de faire valoir leurs droits à la retraite, avait conduit le secrétaire général du ministère et son adjoint à quitter leurs fonctions respectives. Laissant du coup, sans titulaires, des services sensibles ayant à charge la gestion de la mémoire et l’administration du ministère. Aux dernières nouvelles, le ministre Valentin Djènontin, face à la délicatesse de la situation, aurait confié provisoirement cette fonction à l’assistant de l’ancien secrétaire général du ministère, Hugues Hounkponou.

Réformes portuaires au Bénin
Réformes au Port de Cotonou à travers de grands travaux

La saignée

Selon un cadre du ministère, entre temps, le ministre Jean-Michel Abimbola, actuel patron du département de la culture et de l’artisanat et ex-titulaire du portefeuille de l’économie maritime, avait repris dans son cabinet la quasi-totalité de ses anciens collaborateurs. Créant une situation dont on appréhende difficilement les contours.. Car, cette volonté affichée de Jean-Michel Abimbola de reconstituer son cabinet « perdu » avait fini par créer un vide autour de son successeur à l’économie maritime et prédécesseur à la culture. Et c’est en cela que se justifie le départ du directeur des ressources financières et du matériel(Drfm), de la directrice des ressources humaines(Drh), du chargé de mission et de quelques conseillers techniques vers de nouvelles destinations

« Récemment, sur les cinq conseillers techniques, seuls deux étaient en place au cabinet du ministre de l’économie maritime », déplore un responsable syndical, visiblement dépité. « En ce sens que, précise-t-il, dans la foulée celui qui occupait les fonctions de directeur de la prospective et de la programmation est aussi parti sans crier gare ». Résultat, tous les postes sensibles sont dépourvus de responsables. «Dans ce genre de situation, avertit le syndicaliste, on ne saurait attendre de notre ministère un travail sérieux à la hauteur de la mission qui lui est assignée ».

Pour éviter le naufrage annoncé de sa barque, explique une source proche du cabinet, le ministre de l’économie maritime a dû recourir aux services de Joseph Chaffa, un ancien cadre du département et précédemment directeur général du Port autonome de Cotonou. En attendant de pourvoir aux postes vacants, et remettre le navire à flots. Ce qui est loin d’être une gageure. Et pour cause.

Contre performance

Les experts maritimes s’accordent à le dire : le port de Cotonou reprend vie. De l’avis même du directeur général par intérim, Kassim Traoré, le trafic commence à être au rendez-vous. Mais cette reprise des activités, certes timide, ne saurait prospérer sans une bonne mise en exécution des réformes voulues et engagées par le gouvernement. Et c’est justement le ministère en charge de l’économie maritime qui est sensé conduire la conception et l’opérationnalisation de ces réformes tant attendues. Seulement voila, le ministère handicapé, éclopé, et dépourvu de ressources humaines suffisantes, a peu de chance de s’en tirer à bon compte, dans un environnement difficile et contre performant.

Une lueur d’espoir

Ministre de l'économie maritime

C’est dans cette ambiance délétère  que débarque, à la faveur du remaniement ministériel d’août 2013, un nouveau ministre en la personne de Martine-Françoise Dossa pour présider dorénavant aux destinées du Ministère de l’économie maritime, des transports maritimes et des infrastructures portuaires.  Espérons qu’elle prenne à temps la mesure de sa nouvelle mission pour apporter des solutions idoines et crédibles à des dysfonctionnements avérés déplorés depuis des lustres sans qu’une quelconque amélioration n’intervienne.

 Quand on sait que lors de sa prise de fonction, la nouvelle responsable du département de l’économie maritime n’a pas manqué de  fixer les orientations de sa nouvelle mission. Et se donner surtout comme priorités, «de veiller en permanence, avec méthode et rigueur, au maintien  et à l’amélioration des ratios de productivité portuaire, tant en termes de diversité de flux de trafic que de coûts et de délais de prestations portuaires ». Il y a de quoi espérer des lendemains meilleurs. Surtout que l’objectif principal de la ministre, « est d’assurer et de renforcer l’image de marque de la plate-forme portuaire de Cotonou, d’accentuer sa compétitivité et sa productivité, ainsi que le recouvrement du reliquat des trafics déviés vers les ports concurrents voisins ».Ce qui ne saurait se faire sans le déploiement d’un personnel qualifié et compétent, partageant la même vision. Mais comme le dit si bien l’adage, c’est à l’oeuvre que l’on connait l’artisan. Wait and see!


Bénin : des microcrédits pour lutter contre la pauvreté

du pain aux peuples
Du pain aux peuples

Le Bénin mise sur la microfinance pour lutter contre la pauvreté et développer le pays. Par le truchement d’un programme de microcrédits aux plus pauvres qui fait couler beaucoup d’encre et de salive à cause de ses performances remarquables. Explications.

5Crédit photo: FNM)
Des bénéficiaires avec le président Boni Yayi du Bénin

Le Programme de microcrédits aux plus pauvres (Pmcpp) relève d’un engagement du candidat Boni Yayi lors de la présidentielle de mars 2006 au Bénin, pour faire de la microfinance, un outil stratégique de développement et de lutte contre la pauvreté. La suite on la connaît. L’idée a fait boule de neige et six ans après sa mise en œuvre, partisans et adversaires sont unanimes sur la pertinence de cette intervention sociale inédite au Bénin. De partout, on vient apprendre des Béninois qui ont su trouver la formule pour «favoriser l’accès à des services financiers fiables et viables, à une majorité de ménages pauvres ou à faibles revenus ainsi qu’à des micro entrepreneurs traditionnellement exclus des circuits financiers classiques à cause de la faiblesse de leurs moyens. Et ce, sur l’ensemble du territoire national. Grâce à des institutions de microfinance (Imf) pérennes et pleinement intégrées au système financier».

Lors du démarrage du programme en 2007, le président de la République avait expliqué les tenants et les aboutissants de fort belle manière. « Lors de mes visites dans le Bénin profond, j’ai pu me rendre compte des conditions réelles de vie des populations. J’ai pu noter l’existence d’un fort taux de chômage des jeunes et un faible niveau du pouvoir d’achat tant en milieu rural qu’urbain. J’ai également pu constater que le manque de revenus a fait perdre espoir à bon nombre de nos compatriotes, particulièrement les jeunes et les femmes. Face à ce constat, vous comprenez dès lors mon engagement à développer les grands travaux à haute intensité de main-d’œuvre, à valoriser nos vallées, à diversifier notre agriculture, à promouvoir les logements sociaux et à créer les conditions d’un environnement favorable aux affaires, afin d’impulser les investissements privés, créateurs d’emplois », dixit Boni Yayi.

Pour le président béninois, « le développement de la microfinance, véritable outil de lutte contre la pauvreté, permet de toucher directement et à moindre coût ceux-là mêmes qui de par la précarité de leur situation économique et sociale, se sentent exclus de la vie nationale ». Pour rendre ces idées opérationnelles, un Fonds national de microfinance (Fnm), est créé pour piloter cet ambitieux projet et renforcer les capacités financières et opérationnelles des institutions de microfinance (Imf) afin de les rendre accessibles aux populations les plus démunies des villes et campagnes du Bénin. Lesquelles pourront dorénavant entreprendre des activités génératrices de revenus porteuses de croissance, d’espoir en des lendemains meilleurs.

Depuis son lancement en février 2007, le Programme de microcrédit aux plus pauvres (Pmcpp) bénéficie d’un engouement remarquable de la part des populations cibles. En août 2010, il représente 80 % des activités du Fnm, soit 40 milliards de francs Cfa (environ 62 millions d’euros) sur les 50 milliards de ressources placées au profit des bénéficiaires tous produits confondus. Avec près d’un million de bénéficiaires au 30 juin 2013, ce programme est sans doute l’une des concrétisations des ambitions du gouvernement pour l’amélioration des conditions de vie des populations cibles. Et pour cause. Six ans après son lancement,  l’évaluation globale du programme est positive au vu des changements réels observés au niveau des bénéficiaires toutes tendances confondues.

Une expérience qui fait école

En partant du constat que, près d’un million de nos compatriotes des deux sexes n’ont juste besoin que du minimum, trente à cinquante mille francs Cfa (45 à 90 euros) pour entreprendre une activité génératrice de revenus, le Fonds a développé une stratégie qui est payante aujourd’hui. Et pour cause. De la sous-région et d’ailleurs, on vient partout s’instruire de l’expérience béninoise pour en faire autant chez soi. Idem pour les partenaires techniques et financiers qui manquent des mots pour louer le génie béninois en matière dans cette innovation majeure en matière de microfinance et de lutte contre la pauvreté. Le moins qu’on puisse dire, c’est que cette expérience novatrice  fait école dans la sous-région et à l’étranger eu égard à la longue liste de ceux et celles qui sont venus de partout s’instruire.

Pour la petite histoire, 675 000 personnes ont déjà bénéficié de ce programme pour un cumul d’activités de trente-cinq milliards de francs Cfa (environ 539 millions d’euros). Cet encours de crédits constitue, selon le ministre béninois de la Microfinance et de l’Emploi des jeunes et des femmes, le volume d’activités menées par le Fonds national de la microfinance (Fnm) depuis sa création à ce jour. Quand on sait que la dotation de base du Fnm est de quatorze milliards de nos francs (environ 22 millions d’euros), force est de louer le dynamisme et la performance du Fnm  qui a pu grâce au système de réinvestissement des crédits remboursés, atteindre cet encours de crédits.

Ainsi, les 675 000 personnes impactées ont toutes reçu au moins une fois, le premier crédit de 30 000 francs (45 euros) pour un montant total de plus de vingt milliards de francs (plus de 30 millions d’euros). Parmi elles, 254.693 personnes ont reçu le premier renouvellement de 30 000 francs pour un montant total de de plus de huit milliards de francs (près de 13 millions d’euros) et 154 000 personnes ont déjà passé le cap des deux dernières fois 50 000 francs pour un montant de huit milliards de nos francs.Tous ces montants cumulés dépassent un encours de crédit estimé à plus de 35 milliards de francs (près de 54 millions d’euros).

Success stories

Selon un bénéficiaire au quartier Zongo à Parakou, avant il s’approvisionnait à crédit pour son petit commerce. Mais depuis qu’il est au programme, il achète désormais au comptant. Ce qui fait prospérer ses activités.

La main sur le cœur, une autre bénéficiaire dans la commune de Gogounou, dans l’arrondissement de Sori, observe, « avec les revenus issus des microcrédits, j’ai  pu constituer un capital personnel de plus de 65 000 francs Cfa (environ 100 euros) dans un intervalle de trois mois. Ce qui m’a permis de diversifier mes activités de vente de produits laitiers (Fromage et lait) ».

Pour une autre bénéficiaire dans la commune d’Abomey, « grâce aux microcrédits aux plus pauvres, j’ai pu renforcer mes étalages de marchandises ; ce qui m’a permis de faire beaucoup de bénéfices et par conséquent de meubler mon salon de coiffure ».

« Je suis vendeuse de poisson fumé. J’avais l’habitude de m’approvisionner auprès d’une autre dame et ceci me revenait très cher. Mais aujourd’hui, grâce au programme, j’ai pu avoir suffisamment de ressource pour m’approvisionner directement au bord de la lagune et  fumer moi-même le poisson. Je participe également à l’éducation de ma fille qui était à la maison. Ma vie au foyer s’est améliorée et je me sens épanouie », déclare Jeanne, bénéficiaire à Cotonou.

Pour le directeur du Fonds national de la microfinance Jean Comlan Panti, « la pauvreté et le chômage sont deux menaces permanentes majeures pour la paix durable et la stabilité de l’humanité…Personne ne doit ignorer cette réalité et chaque acteur, en fonction de son positionnement stratégique, de ses avantages comparatifs et de ses moyens, se doit à sa manière de contribuer à les combattre dans un élan de conviction, de détermination et d’innovation. Ainsi, les acteurs du système financier ne doivent pas se faire prier pour jouer leur partition, car sans paix, point d’affaires et sans affaires, point de profit ».

La vision ici étant notamment de construire dans le pays, un secteur financier solide répondant aux normes internationales et respectant les standards de l’espace de l‘Union économique et monétaire ouest-africain (Uemoa), aux dires du directeur général du Fnm.

Très satisfaite du travail abattu jusque-là, Mme Françoise Assogba, ministre de la Micro finance, de l’Emploi des jeunes et des femmes, a récemment exhorté les travailleurs du Fnm au cours d’une descente sur le terrain, « à porter le Fnm à un niveau plus élevé. En finançant par exemple l’agriculture pour garantir de l’emploi à la jeunesse ».

Grâce aux effets économiques du programme, on assiste à une augmentation des revenus du ménage, sous la direction de la femme, ce qui contribue à l’amélioration du bien-être familial.

Les femmes arrivent à contribuer aux charges familiales telles que, la scolarisation des enfants (55 % des cas) ; la prise en  charge des besoins de santé (42 %) ; l’amélioration de l’état nutritionnel (52 %) ; l’amélioration de l’état de logement (le revêtement du sol de l’habitat (37 %)) et l’accès à l’eau potable (32 % des cas).

Même si le secteur de la microfinance au Bénin a connu par le passé des performances remarquables pendant plus d’une décennie, il brille aujourd’hui par un dynamisme qui ne saurait occulter tout de même quelques manquements, quelques entorses à l’orthodoxie financière, à l’éthique et à la déontologie. Vivement des mesures pour assainir un secteur qui constitue tout de même, un créneau porteur voire une niche par ces temps de grisaille. Afin que ce beau ne soit pas galvaudé et dévoyé pour devenir un vulgaire outil aux mains des politiques.


BENIN /TIC / La société civile en guerre contre la cybercriminalité

Des juristes, officiers de police judiciaire, professionnels des Technologies de l’information et de la communication (Tic), de l’Internet, des journalistes, des chefs d’entreprises ainsi que des cadres de l’administration publique et privée sont en concertation depuis trois jours au Campus numérique de la Francophonie à Cotonou au Bénin pour réfléchir sur les voies et moyens pour lutter contre la cybercriminalité.

(Crédit photo: Cnfc)
Le Directeur du Campus numérique de Cotonou, le Dr. Abdoulaye Salifou échangeant avec les participants

 Dans son mot de bienvenue, le directeur du Campus numérique de l’Agence universitaire de la Francophonie au Bénin, le Dr. Abdoulaye Salifou, «face aux incessants bouleversements qu’enregistre le nouveau siècle  à propos des actes de cybercriminalités, s’interroge  sur l’avenir de ce monde ». A cause des actes de cybercriminalité, des forfaits des cyber délinquants depuis les cybercafés béninois en passant par l’Élysée dont le site Internet a été attaqué en 2012, le vol de  45 millions de dollars  aux banques américaines et des Emirats Arabes-Unis, nonobstant les révélations sur les pratiques douteuses de l’Agence de sécurité des Etats-Unis, alimentées par Edward Snowden, ancien consultant américain  en sécurité informatique, la preuve est faite  à profusion, que ni les Etats, ni les entreprises, ni les administrations et encore moins les individus ne sont  à l’abri des cybercriminels ». Et pour cause.

Pour le Dr. Abdoulaye Salifou, « les intrusion frauduleuse dans les systèmes de traitement automatisées des données, les usurpations d’identité, les utilisations frauduleuses de cartes de paiement, constituent des atteintes à la vie privée, de l’escroquerie «à la nigériane », aujourd’hui légion dans nos sociétés modernes ». Hélas ! Eu égard à l’ampleur du phénomène : comptes en banque pillés et autres délits, les experts sont unanimes pour reconnaître que de nos jours, « nous avons plus de chance d’être victimes d’un délit digital ».

Pour la petite histoire, l’observatoire de la sécurité des cartes bancaires évalue le préjudice à plus de 413 millions d’Euros en 2011 en France, soit plus de 12 % par rapport à l’année 2010. Ces statistiques sont à rapprocher avec les résultats de l’enquête Cadre de vie et sécurité INSEE-ONDRP selon laquelle plus de 2% des ménages français ont déclaré avoir été victimes d’au moins un débit frauduleux sur leur compte bancaire en 2011, soit 650 000 ménages.

(Crédit photo: Cnfc)
Le présidium à l’ouverture de l’atelier

De manière générale, dans le monde en 2011, les coûts induits directement par la cybercriminalité, ciblant majoritairement les particuliers, s’élèvent à 110 milliards de dollars (87,5 milliards d’Euros) selon une étude de la Norton Cyber crime des Etats-Unis. Les Tic, comme la langue d’Esope peuvent  être la meilleure et la pire des choses comme l’avait souligné à juste titre Son Excellence le Président Abdou Diouf, Secrétaire général  de la Francophonie le 20 mars  2008.

« Mal utilisées, confisquées, verrouillées par certains en particulier, les cybercriminels, les Tic peuvent devenir instrument d’asservissement des peuples et de contrôle des individus, générer de l’insécurité et de la criminalité, accroître la présence des plus forts, creuser le fossé numérique. Par contre, bien utilisées, et largement diffusées, elles peuvent au contraire servir à démocratiser l’exercice du pouvoir, faciliter l’accès à l’information scientifique et technique, améliorer la transparence des institutions, promouvoir la diversité des cultures, réduire la distance entre les individus et  accroître la solidarité entre les nations », dixit le Dr. Abdoulaye Salifou.

 Cas du Bénin

A en croire le directeur du campus de l’Auf au Bénin, « la cybercriminalité dans l’notre pays se caractérise essentiellement par des escroqueries qui sont commises par des internautes à partir des cybercafés. Les artifices et les supercheries utilisées par les cyber délinquants sont connues : promesse de véhicules de luxe, d’objets d’arts précieux, des espaces publics, des monuments historiques, de belles créatures majeures et mineures et naturellement de fortes sommes d’argent et j’en passe. Évidemment, les partisans de gains faciles et rapides tombent dans ces arnaques et pièges cybernétiques. La plupart de ces cyber délinquants, opèrent en réseau avec des complices en Afrique, en Amérique du Sud et du Nord, en Asie et en Europe.

Jusqu’à une époque récente, la police et la gendarmerie béninoises sont restées impuissantes faute de législation et de formation appropriées.  La loi N° 2011 – 20 du 12 octobre 2011 portant « Lutte contre la corruption et autres infractions connexes en République du Bénin », a semblé apporter une lueur d’espoir, sans fondamentalement constituée une véritable solution législative à la cybercriminalité au Bénin. Au cours du présent séminaire de formation, les conférenciers consacreront une partie de leurs interventions au chapitre 5 de cette loi de 2011 qui traite des infractions cybernétiques, informatiques et de leur répression en République du Bénin.

 Pour le ministre béninois de la Communication et des Technologies de l’information et de la communication, Komi Kouché, en tant que « nouveau fléau des temps modernes auquel s’adonnent les jeunes, la Cybercriminalité a besoin de riposte appropriée pour faire face aux risques et aux dangers de l’économie de la connaissance, qui sont directement liés à l’utilisation frauduleuse des Tic ». Car, «l’Internet et les Tic ont multiplié les possibilités de commettre des infractions économiques telles que la fraude, notamment l’escroquerie aux moyens de paiement, l’atteinte à la vie priée, le vol des ressources numériques. Les actifs gérés par des systèmes informatiques sont devenus des cibles de manipulations au même titre que les formes traditionnelles de propriété».

 Une approche novatrice

Animé par le Dr. Abdoulaye Salifou, spécialiste en Communication et en Droit des Tic, Directeur du Campus numérique de l’Agence universitaire de la Francophonie au Bénin, Chef de projets au bureau régional Afrique de l’Ouest de l’Agence universitaire de la Francophonie (Auf) à Dakar au Sénégal, entouré pour la circonstance du Dr. Arnaud Houedjissin, Enseignant-chercheur en Droit pénal à la Faculté de droit et des sciences politiques de l’Université d’Abomey-Calavi (Uac) et du Dr. Léon Josse, Enseignant-chercheur en Théorie du droit à la Faculté de droit et des sciences politiques, de l’Uac, cet atelier considère la cybercriminalité comme de nouvelles menaces pour la vie privée, les entreprises, les banques et les administrations privées et publiques. Aussi cherche -t’il à mieux outiller les membres de la société civile et toutes les parties prenantes à y faire face efficacement.

Du 17 au 19 septembre 2013, les participants ont pu réellement faire le point sur le droit encadrant la fraude informatique et les mécanismes de lutte contre la cybercriminalité.

En passant en revue la jurisprudence et l’actualité législative africaine et européenne sur la question. De manière à disposer au terme du séminaire, des repères nécessaires pour évaluer, anticiper la fraude informatique au Bénin et dans le monde.

Selon le Dr. Abdoulaye Salifou, pour protéger sa vie privée sur Internet, il faut connaître les mécanismes juridiques de lutte contre la cybercriminalité, se familiariser avec un large éventail d’infractions aux systèmes de traitement automatisé des données. Et pour cause. Au plan méthodologique, le programme du séminaire s’est appuyé pour une large part, sur des présentations méthodiques de cas pratiques illustrés de jurisprudences, dans une ambiance conviviale qui fait la part belle au débat et aux échanges entre participants. Ne dit-on pas souvent que c’est de la confrontation des idées que jaillit la lumière…


JOURNÉE MONDIALE DU BLOG / Regards croisés sur le blogging

Le 31 août 2013 marque la Journée Mondiale du blog. Depuis quelques années, des personnes de toutes les sphères font appel à ce moyen de communication, devenu incontournable pour échanger, dialoguer, présenter leurs produits, … Les Mondoblogueurs ont décidé d’immortaliser cette journée de la manière la plus simple possible : répondre à la question suivante : que représente le blogging pour eux ? Ce billet qui a vu la contribution de plus d’une dizaine de Mondoblogueurs,  donne les points de vue de ceux qui ont participé à l’édition de cet article.

Crédit photos: archives Baba Mahamat
Blog

1-Limone, Tunisie

Dernièrement, j’entendais un étudiant de l’école nationale de journalisme de Tunis s’insurger de l’inutilité du blog après la révolution. Un futur journaliste contre le blogging. Contre la diversité des points de vue rendue possible par Internet et la levée de la censure. Le blogging pour moi, c’est le bouleversement du schéma traditionnel de l’information, la fin du monopole des médias, la possibilité donnée à chaque citoyen d’avoir son mot à dire dans l’espace public.

 2-Salma Amadore, Cameroun

Le blogging pour moi représente une activité qui me permet d’exercer le journalisme que j’ai toujours voulu, celui qui part des faits et des expériences des gens pour parler d’un sujet. Tenir un blog me permets de m’exprimer comme je veux, sans trop de sévérité. Pour moi qui a l’expérience des rédactions, j’ai été très frustrée des fois de devoir réécrire ou mettre aux oubliettes un article à cause « de la ligne éditoriale » du journal. En bloguant, je suis libre, je suis moi, je suis l’autre qui me lis et veut aussi me dire sa part de réalité. Loin de la routine des autres canaux d’information qui nous plongent dans la routine avec des mêmes personnalités, les mêmes stars, le blog est proche de l’homme ordinaire, c’est l’homme ordinaire qui est au centre du blog, celui qui veut s’exprimer et ne le peut pas dans les chaines officielles, trouve dans le blogging, le moyen de s’exprimer, d’échanger et de s’enrichir de nouvelles connaissances.

3-Baba Mahamat, Centrafrique

Il ne fait aucun doute, le blogging à inévitablement changé la face du monde. Le blogging est devenu une forme d’expression très prisée par des personnes et structures dans divers domaines. Il permet d’échanger avec les lecteurs qui sont participent à son animation. Il y a dans le blogging, l’esprit de mettre les lecteurs au centre en interagissant avec eux grâce à des commentaires autres formes de partage. Ce qui le rend différent du média traditionnel est le fait que n’importe qui peut tenir un blog et ce, sans une formation préalable contrairement au journalisme par exemple. Une manière de communiquer est née grâce au blog, le journalisme citoyen. En Centrafrique où les événements ont comlètement  bouleversé la vie de paisibles citoyens, bloguer me permet de brosser la situation extrêmement difficile que vivent mes citoyens et en profiter pour dénoncer une tragédie oubliée par la communauté internationale, qui aurait pu être évité si l’intérêt du peuple était au centre des préoccupations au détriment des considérations personnelles.

4-Josiane Kouagheu, Cameroun

Bloguer pour moi, c’est tout simplement être moi. Ecrire pour dénoncer et interpeller, sans mensonge et sans maquillage.

5-Osman Jérôme, Haïti

Sans trop de crânerie, je dirais que, le blogging est pour moi, ce que la raison est pour le philosophe. Car cela me permet de pénétrer  la profondeur de la réalité quotidienne de mon paysRéalité que j’essaie de parler sur mes blogs avec un ton un peu différent des médias classiques.

Depuis le jour que j’ai commencé à bloguer pour de vrai, je ressens  que, quelque chose a changé en moi en tant que citoyen. Après plus de deux ans de d’activité, désormais, je me sens plus engagé, plus concerné dans la lutte de la nouvelle Haïti, dont je suis un fanatique.

6-Mylène Colmar, Guadeloupe

Lancer un blog, écrire un billet, puis un autre, et encore un autre, en veillant à se renouveler, à livrer des informations (de son point de vue) intéressantes, à garder un œil critique. Animer un blog, lire les commentaires des lecteurs, se réjouir des compliments, répondre aux questions, défendre son point de vue et faire entendre sa voix. Tenir un blog, avec difficulté, parfois, avec plaisir, souvent, avec sincérité, toujours.

(Crédit photo: RFI/Mondoblog)
Photo (Crédit : Mondoblog)

7-Pascaline, France

« Deux ans. Voilà deux ans que j’écris et que le blogging à pris une place de plus en plus importante dans ma vie. C’était d’abord une distraction, un moyen pour moi de prolonger mes écrits universitaires d’une manière beaucoup plus ludique, en racontant et en vivant de belles sorties culturelles. Puis, c’est aussi devenu un moyen de compter ma vision du monde, mes voyages, mes passions tout en réfléchissant au regard que je portais dessus, en le déconstruisant. Aujourd’hui, c’est devenu un biais indispensable par lequel je développe ma pensée, mes idées, en les confrontant aux lecteurs. Leurs réactions me font avancer, réfléchir, remettre en question dans mon écriture mais aussi dans cette vision du monde. Indispensable donc, pour demeurer une « femme qui interroge ». »

8-Aurore, Allemagne

Le blogging ou la valise 2.0.

Bloguer, c’est plier, empiler et ordonner au fond d’une valise virtuelle et planétaire des souvenirs, des avis, des incertitudes, des débats, des rencontres, des tous et des riens, des pleins et des vides, du futile, du sérieux, des histoires, de la poésie, des coups de gueule, des coups de joie, des injustices, des dénonciations, des déceptions, des messes basses, des combats, des confidences, des incertitudes, des Révolutions…

 

9-  Babylas Serge de Souza, Bénin

Blogueur par passion

C’est à la faveur d’un stage en médias et démocratie à Copenhague au Danemark en octobre-novembre 2010 que je me suis essayé au blogging. Ma passion pour le web journalisme me  permettra plus tard d’intégrer la deuxième édition de Mondoblog où, grâce à un encadrement judicieux, j’ai pu véritablement apprendre le b, a, ba, les contraintes et les exigences du blogging et de la publication en ligne.

Après la formation MondoblogDakar 2013, je revisite régulièrement mes connaissances à l’aune des innovations majeures, des mutations et des nouveaux développements du secteur médiatique, au jour le jour en tant que blogueur, après 23 années d’expériences comme professionnel des médias.

Aussi, pour moi, le blogging est une manière d’être, une forme d’expression parmi tant d’autres et pourquoi pas, un formidable espace d’échange, de partage…

10-Ladji Sirabada, Côte d’Ivoire

Mon blog, mes amis, le monde, la chaleur…

Parce que je blogue, j’appartiens à une communauté qui écrit et qui crie, qui saupoudre et qui fustige; une communauté qui arrange et souvent dérange, qui chante tout en interpellant, qui enseigne et renseigne, qui appelle et interpelle, qui éduque, distrait, et s’occupe…

Parce que je blogue, je convoque bon gré, mal gré une communauté qui se renseigne ou enseigne, qui partage ou s’enferme, qui se satisfait ou se plaint de, qui encourage ou insulte, qui consomme sans ou avec modération, qui dit merci ou merde, qui félicite ou blâme…

D’un coté ou d’un autre, en bloguant, je me mets à la croisée de plusieurs chemins. Chemins de confrères. Chemins de lecteurs. En bloguant, je partage mon monde ou ce qu’il y a à partager pour ne point me sentir seul.

Mon histoire du blog, commence avec la neige. Le blanc qui tombe et qui plonge le noir dans le lointain souvenir de la chaleur des terres ancestrales  et des miens.

En tombant, en m’enfermant dans un univers que je qualifiais  »aussi d’exotique », le blanc, m’a offert des pages blanches à remplir, m’invitant à me soustraire de la solitude, du dépaysement, d’un monde dans lequel, je me suis retrouvé, par concours de circonstance divine.

Mon blog fut, mon bois de chauffe. Il fut la vitrine de présentation de mon nouveau monde…
A chacun, je souhaite une expérience de blogging…pour un monde plus ouvert, sans barrière et avec beaucoup de chaleur…

Je bloggue; bloguons donc, puisque c’est la ten-dance.

11-Nelson Deshomme, Haïti

C’est une phrase magique qui a ouvert mes yeux sur le monde du blogging: « La beauté de l’internet c’est qu’on apprend en marchant ». Et dépuis lors, je fais de ce slogan ma principale source de motivation. En effet, le blogging est pour moi un centre d’apprentissage. Il m’est aussi un moyen de peaufiner mon écriture, et surtout d’apporter ma contribution dans la présentation d’une autre Haïti aux yeux du monde. Dorénavant, un blog est un instrument de communication où chacun peut placer son mot sur le dévenir de notre planète. Maintenant avec un blog, n’importe qui peut marquer d’une autre manière et de façon indélébile son passage dans ce monde.

12. Berliniquais, Martinique 

Pour moi, le blogging, c’est ma deuxième grande passion. Comme chacun sait, ce que j’adore par-dessus tout, c’est de chanter sous la douche. Mais malheureusement, quand je chante sous la douche, il n’y a personne pour m’écouter. C’est triste à mourir. En revanche, lorsque j’écris dans mon blog, le monde entier peut lire mes humeurs. Donc pour moi, écrire un blog, c’est un peu comme chanter sous la douche devant un large public ébahi d’admiration. Quel bonheur!

13-Boubacar Sangaré, Mali

Parlons du blogging mais pas pour y consacrer un billet qui appelle, comme chacun le sait, chaque fois un sérieux et une application énormes. Il est tout simplement question de livrer son point de vue sur ce phénomène dont la fièvre a saisi le monde, singulièrement dans sa composante jeune.

Alors, c’est un avis très personnel que je vais livrer. Quand on me parle du blogging, je ne peux pas ne pas penser à dire que, dans un monde qui se débat dans l’entonnoir des crises politiques, économiques voire sociales, tenir un blog ne peut qu’offrir une possibilité de calmer la soif de s’exprimer qu’éprouvent des millions de femmes et d’hommes repartis dans tous les pays. Et surtout à un moment où les idées sont l’arme privilégiée dans la « guerre des places » qui oppose d’abord les grandes puissances, et accessoirement toutes les nations. Ainsi, le blog, en tant que site personnel, donne l’opportunité de prendre part à ce concert des idées qui animent le monde.

Pour le petit et modeste journaliste que je suis, qui tient un blog depuis bientôt une année, le blogging a été un espace où il défend ses convictions, sa position sur un sujet qui fait ou non la Une de l’actualité locale ou d’ailleurs. Et ce qui a le plus éveillé mon intérêt pour cette activité, c’est le droit à la subjectivité dont jouit le blogueur. Le droit de dire son ressenti du moment et ses impressions propres. Ecrire à la première personne du singulier (je) une analyse dans laquelle se retrouveront beaucoup de lecteurs, me parait plus responsable  que l’emploi du « Nous » que le journalisme trouve objectif, mais qui me semble manquer de sérieux. C’est aussi indiquer que le blogging est un espace, aussi grand que le rêve. C’est, bref, un déversoir !

 

 

 


Crise économique au Bénin : Le ras le bol des artisans

De l’entrepreneur au diplômé sans emploi en passant par la femme de ménage et le citoyen lambda,  la crise économique n’épargne personne au Bénin. L’argent ne circule plus comme par le passé, si bien que les artisans et autres champions de la débrouille et des petits boulots, beaucoup plus chanceux en d’autres temps, ont fini par jeter l’éponge et se résigner, après avoir essayer moult stratagèmes sans succès. 

Contrairement à ses habitudes, Joseph Dékoungboto, chef maçon de son état, spécialisé dans la réalisation de briques préfabriquées et autres lucarnes entrant dans la construction des bâtiments, avait la mine renfrognée cet après-midi. Le sourire familier habituel avait disparu pour céder la place à un air grave pour une raison toute simple : «ça ne va pas dans le pays, les affaires ne marchent pas», d’après le chef maçon.

Un menuisier à l'oeuvre
Maison des artisans du Bénin
Le chef maçon a du mal à écouler sa production de pré fabriqués...
Le chef maçon a du mal à écouler sa production de pré fabriqués…

Assis à l’ombre d’une paillote dans l’angle droit du rectangle que formait l’exposition de ses briques, sur le banc qui lui sert quotidiennement de siège, après les échanges de politesse, l’homme dévoile son amertume. « Ce matin, je suis arrivé au travail aux environ de 8 heures,  il est maintenant plus de 16 heures. En tout et pour tout, je n’ai vendu que deux lucarnes à raison de 450 francs l’unité soit 900 francs Cfa (1,30 Euros). Mes deux apprentis ont dépensé 400 francs pour leur déjeuner et moi-même je suis obligé de rester à jeun pour que mes enfants puissent dîner le soir », explique-t-il découragé. Jérémie est pourtant propriétaire de sa maison. Il reconnait n’avoir jamais exercé deux métiers dans sa vie : « Je ne vais quand même pas abandonner le métier qui m’a permis de vivre et de réaliser tout ce que j’ai à mon actif », après plus de vingt ans d’activités.

A 500 mètres environ de l’infortuné, se trouve l’atelier de Benjamin, un électricien motos. Même air de désolation, le regard fuyant, l’homme faisait semblant d’être occupé à faire une réparation pour donner le change. Fil électrique et porte clé en main, des bribes de paroles lui échappèrent à la question de savoir comment il se portait.  En langue locale fon il répondit par un proverbe: « Un chien affamé ne s’aurait guère s’amuser avec ses semblables rassasiés ». Je n’ai pas envie de parler », affirma-t-il. Avec l’intervention de Jérémie, il a fini par lâcher deux phrases sans en rajouter un seul mot. «  Je n’ai rien fait depuis le matin. Aller dire au chef de l’Etat que le peuple a faim », conclut-il.

Chez son voisin Ernest S., réparateur d’engins à deux roues, la situation semble moins alarmante. Ce qui ne l’empêche pas de nous confier la main sur le cœur que ses affaires évoluent en dents de scie. Certains jours, il fait de bons chiffres, mais d’autres, c’est la grisaille, et il a moins d’une dizaine de clients qui passent pour de petites réparations… En bon croyant, il prie beaucoup pour conjurer la crise financière et économique.

Un marché en chute libre

Accroupis  jusqu’au niveau du moteur d’une moto “Mate“, il n’a eu de temps pour nous parler que les quelques détournements de regard qu’il fait vers l’arrière pour nous répondre. « Ça chauffe partout. Seulement notre cas est particulier. Les gens sont obligés de sortir de chez eux. Dans leur va et vient, il arrive que leur moto tombe en panne. C’est dans cela que nous autres mécaniciens nous mangeons », déclare-t-il avec modestie.

La situation de dame Assiba n’est guère reluisante. Loin s’en faut ! Rencontrée sur les lieux, dans son atelier de couture, elle affirme se débrouiller avec le peu de travail qu’elle trouve. Car les gens ne vont pas sortir nu dans la rue. Seulement, avec la crise, la clientèle se raréfie. Les femmes préfèrent les friperies à moindre coût et ne viennent coudre chez elle que pour des cérémonies, communion, baptême, mariage, enterrement où elles doivent porter des tissus de circonstance sous forme d’uniforme. Ce qui nous laisse la portion congrue d’un marché en chute libre à cause de la friperie et de la morosité de la vie économique. Comme dirait l’autre, plus rien ne va, faites vos jeux !


CENTRAFRIQUE/SOCIETE/Parcours atypique d’une Première dame

A trente six ans, la providence l’amènera des modestes habitations des banlieues de Cotonou aux lambris dorés du palais présidentiel de Bangui. Au détour d’un parcours éprouvant où Chantal Vinadou Tohouégnon Djotodia a dû se battre comme un beau diable contre l’adversité, le destin dans l’ombre de Michel, avant de goûter in fine aux délices de la vie après sa consécration comme Première dame. Explication.

De Cotonou à Yaoundé, en passant par Ouagadougou, les premières dames s’appellent Chantal. Et ce n’est une compatriote de condition modeste, qui vient d’être propulsée au devant de la scène, en tant qu’épouse de Michel Djotodia, le président centrafricain, qui me démentirait.

(Crédit photo: La lumière de l'Afrique)
La Première dame de la Centrafrique accueillie à sa descente d’avion par le Premier ministre béninois, Irénée Pascal Koukpaki

Chantal Vinadou Tohouégnon Djotodia, Première dame de la Centrafrique, est née le 27 août 1981 à Toffo, dans le Sud Bénin de Jean Tohouégnon et de Douhoun Houngnonsi. Quelques années après sa naissance, elle sera séparée de ses géniteurs pour rester auprès de sa grand’mère qui assurera son éducation dans des conditions modestes. Ses études primaires et secondaires achevées,  elle suivra une formation d’auxiliaire de la santé qui sera sanctionnée par un diplôme en 2007. Ce qui lui permet d’obtenir une poste dans une clinique privée de l’Organisation non gouvernementale (Ong) Barka de Mme Zénabou Gbaguidi et d’y faire carrière.

Dans la foulée, elle fit  la rencontre de Michel Djotodia, un diplomate centrafricain en froid avec le président François Bozizé  et réfugié au Bénin. La jeune dame tombe sous le charme du réfugié politique, bon flatteur et surtout assez polyglotte. Elle ne tardera d’ailleurs pas à le rejoindre. Le gouvernement Bozizé ayant coupé le pont avec le rebelle, le couple vivota  sur les maigres revenus de Chantal et des numéraires occasionnels de Michel. Mais très tôt, une autre difficulté surgit. Michel est activement recherché par le président Bozizé. La traque, longue et minutieuse, aboutira à son arrestation. Il est incarcéré à la prison civile de Cotonou au Bénin. Sa vie de bagne durera dix huit mois pendant lesquels Chantal a dû se battre pour assister, nourrir et conseiller son compagnon et surtout lutter pour qu’il ne soit pas extradé, selon la volonté de Bozizé. Son combat a consisté à mobiliser des Ong, des organisations de défense des droits de l’homme et surtout la presse pour empêcher cette extradition qui pouvait être fatale pour son compagnon. Sa lutte paie et en 2010, Djotodia est libéré de la prison civile de Cotonou. Mais au lieu de rentrer à Bangui pour occuper des postes de responsabilité comme son compère de bagne, il reste à Cotonou où il vit dans le dénuement total, la galère.

(Crédit photo:La lumière de l'Afrique)
La Première dame entre les présidents centrafricain et béninois

Traversée du désert

A Cotonou, Michel et Chantal mènent une vie difficile. Les revenus de Chantal et les rares perdiems de Michel n’arrivent pas à subvenir aux besoins du couple. Les arriérés de loyer s’accumulaient au fil des mois et les créanciers se multipliaient. A maintes reprises, le couple sera expulsé des logements pour n’avoir pas payé le loyer. Chantal et son mari ne désespèrent pas. En 2011, l’homme rejoint la rébellion et se sépare momentanément de son épouse le cœur brisé. Celle-ci, une fois encore sera expulsée de son logement pour non paiement de loyer. Mais la fin de la galère approche.

Michel Djotodia reviendra vite à Cotonou avec quelques moyens que lui procure la rébellion pour soulager  sa compagne. Le 27 juin 2012, les deux compagnons se marient devant le chef du 10ème arrondissement de Cotonou Florentin Tchaou. Quelques mois après, par un hasard coquin, Michel devient président de la république de Centrafrique, à la faveur d’un coup d’Etat et Chantal, Première dame.

« La Renaissance »

Chantal ne rejoindra Bangui qu’après que son mari ait pris le pouvoir à la suite du putsch. Sur place, elle a compris qu’il ne fallait pas rester les bras croisés. La misère et le défi humanitaire dans un pays rongé par la guerre l’amènent à créer une fondation nommée « La Renaissance ». Celle-ci a pour objet d’aider les orphelins, les mères, les malades du Vih/Sida, les personnes du 3è âge à subvenir à leurs besoins. Aussi, elle entend travailler pour aider les jeunes et les femmes  à trouver des emplois grâce aux microcrédits. Elle a organisé sa première sortie à la maternité du « Camp des Castors » à Bangui où elle a assisté financièrement la mère d’un triplé et une autre femme qui a accouché de jumeaux. Frappée par la coupure intempestive d’énergie dans cette maternité, elle y est retournée une seconde fois pour offrir un groupe électrogène. Elle a aussi soutenu des sinistrés et des orphelins du Centre de la mère. Aujourd’hui, Chantal Tohouégnon Djotodia entend jouer aux côtés de son mari, un rôle important dans la lutte contre la pauvreté en Centrafrique. Pour cela, elle en appelle à la communauté internationale et au réseau des premières dames d’Afrique et du monde.