Le droit à la scolarisation en panne d’argent

Article : Le droit à la scolarisation en panne d’argent
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13 mars 2013

Le droit à la scolarisation en panne d’argent

Le droit à l’éducation est désormais un dilemme pour les pouvoirs publics depuis plus de trois ans où l’école béninoise est agitée par les vagues de non paiement des subventions et de défalcations tout azimut, pour faits de grève.

des écoliers laissés pour compte
Des écoliers laissés pour compte en zone lacustre dans le sud Bénin

Les subventions plombent le fonctionnement normal des écoles béninoises depuis quelque temps. Finie la satisfaction manifestée par les responsables des établissements d’enseignement scolaire tout au début de la signature de l’accord des subventions entre le pouvoir et les écoles primaires publiques. Les difficultés de l’école publique nationale au cours de ces trois dernières années font craindre le pire à bien des observateurs avisés. Et pour cause. D’un million cinq cent à deux millions de francs Cfa, (environ 1600 à 3100 euros), les écoles sont actuellement financées à hauteur de neuf cent mille (environ 1450 euros), au cours de ce triennal. Basée sur l’effectif de chaque établissement au début du projet, les subventions aujourd’hui tiennent compte du nombre de classe par école. Cette disposition du ministère fait suite à des magouilles orchestrées dans les rangs de certains directeurs d’école qui n’ont pas hésiter à trafiquer les statistiques traficotées et à gonfler les chiffres, afin de bénéficier d’un important accord de financement au niveau de leurs écoles. Face à cette situation,  le ministère en charge de l’enseignement maternel et primaire trouve une autre stratégie pour l’octroie des subventions. Selon M. Jean-Marie Gbaguidi, directeur de l’école primaire Cs Gbessou dans la commune de Sô-Ava, chaque établissement scolaire bénéficie de subventions au prorata du nombre de classes, à raison de cent cinquante mille francs (près de 245 euros) par classe. Une disposition qui crée des grincements de dents au niveau des bénéficiaires qui n’ont pas hésité à monter au créneau pour se faire mieux par les autorités ces derniers, notamment dans les communes d’Abomey-Calavi et de Sô-Ava.

Ecoles fermées faute de subventions

Suspension de la fourniture de l’énergie électrique et de l’eau potable, compteurs d’électricité et d’eau sous scellés, salles de classes closes, suite à un endettement excessif des écoles publiques auprès de leurs fournisseurs. C’est la situation que vivent les écoles primaires publiques dans les communes d’Abomey-Calavi et de Sô-Ava. A cause du non paiement des subventions à trois mois des vacances scolaires. Ce qui jette un discrédit sur l’éducation nationale.

D’après les enseignants des deux communes, les portes des écoles resteront fermées jusqu’à la normalisation. Cette disposition des chefs d’établissements constitue un handicap pour le système éducatif national. En réalité, les responsables d’écoles sont révoltés par le silence coupable des autorités qui manifestent peu d’enthousiasme à la recherche de solutions aux  difficultés que rencontrent les écoles depuis octobre 2012. L’école béninoise déjà confrontée à la divergence des points de vue sur les programmes en cours, risque de sortir fragilisée de cette nouvelle épreuve. Ce qui fait dire au secrétaire général du syndicat national des enseignements maternel et primaire, Philippe Houédénou que, «cette situation ne doit laisser personne indifférente puisque les directeurs d’école doivent à leurs fournisseurs depuis le début de la rentrée. Cette manière de gérer les écoles selon lui, ne favorise pas d’autres demandes en fournitures scolaires vis-à-vis des fournisseurs. C’est inconcevable qu’une école faute de subvention reste sans électricité et sans eau ». Avis partagé par Bernard Philippe Houédénou, qui soutien la décision des directeurs d’école de fermer toutes les salles de classes jusqu’à la satisfaction de leurs doléances. Et c’est en cela que se justifie l’exaspération de Jean-Marie Gbaguidi, « j’ai honte de m’approcher de mon fournisseur à qui mon école doit depuis octobre pour d’autres demandes ». Ce qui n’arrange pas les écoles, confie-t-il « c’est que les articles des fournisseurs sont frappés par la Taxe sur valeur ajoutée (Tva). Ainsi, le cahier ailleurs livré à mille cinq cent (moins d’un euro), est vendu à deux mille cinq cent francs (un peu moins de 20 euros) par ces fournisseurs. Pour le directeur départemental  de l’enseignement maternel et primaire, les directeurs d’école ont raison de crier leur ras-le-bol mais doivent faire preuve de patience. Cette situation que vivent les écoles souligne-t-il est indépendante des autorités. Il s’agit d’un retard technique dû aux incohérences entre l’année scolaire et l’année budgétaire. Des dispositions sont prises pour le rétablissement des compteurs d’eau et d’électricité. Une solution pour la lumière et l’eau mais qu’est ce qui est prévu du côté des subventions…

Embargo sur les copies 

L’embargo sur les copies des élèves du primaire jusqu’au secondaire est la nouvelle arme trouvée par les syndicalistes pour forcer la main au pouvoir. L’appel syndical pour l’embargo sur les copies des élèves bloque la seine émulation des élèves. L’école, qui par le passé constituait déjà un lourd investissement pour les parents souffre désormais du manque d’argent. La rupture des négociations entre gouvernement et syndicats pour le dialogue social, la défalcation des salaires des frais pour faits de grève et le retard des subventions plombent le droit à l’éducation pour tous au Bénin. Les pouvoirs publics gagneraient à remettre à brève échéance, les pendules à l’heure en jouant leur partition. Faute de perdre toute crédibilité en compromettant la pérennité du système éducatif national.

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